21 avril 2015
Avec Jérôme Leroy
Les Jours d’après
& autres chansons tristes
Dans L’ Ange gardien, son dernier polar, Jérôme Leroy récapitulait des passions et des hantises à peu près inchangées depuis ses premiers romans : une France à son crépuscule, en proie à des élites corrompues, hantée par des polices parallèles… Avec le temps, il a ajouté à ce cortège de calamités le changement climatique et les mutations génétiques, déjà présents dans de précédents recueils de nouvelles. Les Jours d’après confirme le diagnostic posé dans Une si douce apocalypse ou dans Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruine. Simplement, l’écrivain mêle avec maestria critique sociale (l’héritage de Jonquet et Fajardie – mais bonifié) et critique de la démocratie de marché, anticipation sur un mode apocalyptique (lecteur de l’Evangile de Jean, Jérôme croit davantage à la Fin qu’aux cycles), horreur dans le genre gore (clins d’œil de cinéphile) et, en attentif lecteur des Belges Owen et Sternberg, fantastique, voire réalisme magique (l’une des nouvelles, un bijou d’implicite, Crèvecoeur, illustre à merveille cette variante si particulière du fantastique).
Barbouzes bibliophiles et flics au bout du rouleau, zombies domestiqués par la grâce d’un vocalisateur pour midinettes, DRH à la gâchette facile (Browning GP 35 & Pamas G 1 avec son levier de désarmement), écrivains gavés de tranquillisants et de pouilly-fumé, politiciens humanoïdes menacés d’une panne générale peuplent ces contes noirs. Même refus de la décadence, même déchirante nostalgie du monde d’avant, même tendresse pour une France souveraine… Vers 1991, le regretté Dominique Venner disait de Monnaie bleue que « avec plus de force parfois que les essais historiques, certains romans sont les vrais révélateurs de leur époque, dévoilant tares ou aspirations ». Ceci vaut pour les contes orwelliens de Jérôme Leroy, très lucide, comme son ami Sébastien Lapaque, sur la liquidation programmée de l’indépendance nationale, et donc des appareils gaulliste et communiste. L’une ou l’autre nouvelle décrivent bien ce processus à l’œuvre depuis les années 60, qui mériterait un ou deux grands romans, que Jérôme et Sébastien, écrivains politiques autant qu’esthètes, nous doivent.
Un autre dimension des Jours d’après mérite d’être soulignée : si Leroy n’a jamais caché sa tendresse pour la France du Nord, il s’emploie ici à poétiser ces villes méconnues qui ont pour nom Roubaix, Arras et Lille – cette dernière, où il vit, étant décrite aujourd’hui… et après la catastrophe, alors peuplée de bonobos dyslexiques et d’hyènes maniaco-dépressives.
Avec Sauf dans les chansons, Jérôme Leroy renoue avec la poésie, ou, plus exactement avec une sorte de cantilène mélancolique, qui chante les matins profonds de Grèce et les pluies des Flandres, les femmes perdues et le vin, le plaisir si bref et le temps qui fuit, inexorable : « Dans l’appartement du temps / Sur les boulevards de l’hiver / Flandres temps et Drôme / Flandres temps et Drôme / S’éblouit votre fantôme. » Une poétesse russe, Natalia Medvedeva ; le confrère Thierry Marignac, encore un écrivain secret de haut parage, Amy Winehouse et Jacques Chardonne apparaissent au fil de ces chansons, dont la voix évoque le fado – cette voix singulière dont il y a encore beaucoup à attendre.
Christopher Gérard
Jérôme Leroy, Les Jours d’après, Petite vermillon, 8.7€ et Sauf dans les chansons, La Table ronde, 14€
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Joli montage que cet Ange gardien, où Jérôme Leroy récapitule des obsessions et des hantises qui n’ont guère changé depuis Monnaie bleue : il est vrai que la Vème République ne se porte pas mieux depuis les hideuses années 80, enlisée qu’elle est dans les égouts d’une mondialisation à marche forcée. Leroy n’a guère d’égal aujourd’hui pour décrire la faune de notre Bas Empire climatisé : journalistes à gages, flics stipendiés, éditeurs marrons, politiciens abrutis…
Les éditions originales recouvertes de papier cristal et les piquantes professeurs de lettres, les armes de poing et les vins non trafiqués, les anxiolytiques (stupéfiante, son érudition à propos de xanax & lexomil), le Rouen d’avant la catastrophe et les polices parallèles, tout un univers poétique ou glaçant revient sous la plume de notre révolté mélancolique.
Si dans Le Bloc, son précédent polar, il décrivait les coups tordus d’un gouvernement de droite qui pariait sur des émeutes ethniques pour se maintenir au pouvoir, aujourd’hui c’est à la gauche établie qu’il réserve quelques tirs tendus. Outre un climat proto-totalitaire, celui de notre décadence, on retrouve dans L’Ange gardien bien des personnages du Bloc, à commencer par Stanko, l’homme des basses œuvres du Bloc patriotique, le parti du tribun Dorgelles. L’Ange gardien passe pourtant un cran au-dessus du Bloc en raison de la plus grande densité de ses personnages, d’une critique sociale mieux intégrée au fil du récit et moins manichéenne, donc plus profonde, enfin d’un humour plus désespéré encore. Prenons le pivot de ce roman, Berthet, l’ange de la mort : sentimental samouraï d’un Occident décomposé, tueur méthodique (quoique parfois négligent : sa chair est faible) qui choisit des pseudonymes littéraires (Jacques Sternberg !) et collectionne les éditions originales de Toulet ou de Michaux. Cette (improbable) barbouze, qui a débuté sous Pompidou, a trempé dans bien des affaires, du meurtre de Pierre Goldmann à la noyade de tel activiste dextriste. Berthet appartient en fait à l’Unité, que d’aucuns appellent l’Etat profond, un service public occulte, invisible et omniprésent, spécialisé dans le nettoyage, y compris médiatique. Ses honorables correspondants se nichent partout, au CNRS comme dans les ministères et les grandes entreprises, et ses chefs, aux noms de cinéastes, nulle part. L’Unité ne fait pas de politique : elle l’influence en tirant le tapis d’un coup sec au bon moment, d’où quelques chutes regrettables. Au début de la Vème, l’Unité maintenait l’ordre national et républicain ; sous l’actuel président, elle ne fait plus que colmater les brèches, pour retarder le naufrage. Signe de nos temps de déréliction, l’Unité subit le même sort que l’école publique ou la poste : les contrats à durée indéterminée cèdent la place à des extras, incompétents et pressurés. La qualité s’en ressent ; Berthet en fait l’expérience dans la nuit lisboète. Il lui suffit de découper au bistouri l’oreille d’un collègue (une scène à la Dexter) pour apprendre que sa protégée, qu’il suit à son insu depuis vingt ans, la ravissante Kardiatou Diop, jeune Secrétaire d’Etat issue des quartiers de Roubaix, va faire l’objet d’une « opé » à la demande de son parti, celui de l’Exemple et du Changement. Non sans brio, Leroy inverse l’intrigue du Bloc : au complot interne à la droite nationaliste - vertueuse liquidation des affreux à la veille du grand soir - il substitue une double conspiration, autrement plus subtile : le sacrifice d’une martyre de la diversité et, cerise sur le gâteau, de la Walkyrie, la fille du tribun Dorgelles, et hop, « Liberté, égalité, fraternité ». Heureusement, il y a encore dans cette France crépusculaire des tueurs dont l’honneur s’appelle fidélité…
L’Ange gardien constitue une parfaite illustration de l’hétérotélie, quand de tortueuses manœuvres aboutissent au résultat inverse de celui recherché. Autre personnage attachant de ce roman où alternent douceur et noirceur, poésie et brutalité (des scènes de sexe trop appuyées, Série noire oblige), celui, récurrent dans l’œuvre du camarade Jérôme, de l’écrivain qui ne va pas trop bien, le lettré dépressif et drogué aux « benzos », l’amant précaire. Joubert est le nom de ce quinquagénaire désabusé, qui pige à droite toute malgré ses idéaux rosâtres et, au lieu de bâtir son œuvre, commet, pour boire, des romans pornographiques. La rencontre entre la barbouze et l’écrivain, un autre leitmotiv chez Leroy, est ici particulièrement réussie, car non dénuée d’un humour grinçant. Concluons. Notre « chardonnien sensuel et contrarié » n’a pas failli à sa mission : d’une belle ampleur, le montage tient la route, baigné d’une réelle poésie, celle des matins grecs et des bistrots parisiens, grâce au talent d’un de nos beaux écrivains*, qui sait, lui, « qu’il n’y a de vérité et de sens que dans la métaphysique ».
Christopher Gérard
Jérôme Leroy, L’Ange gardien, Série noire, 330 p., 18.90€
*L’honnêteté commande de déplorer, page 142, un « rentrer sur Paris » qui devrait me valoir une ou deux fillettes de Chinon sans soufre.
On dit encore davantage de mal de Jérôme Leroy
dans mon journal de lectures.
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11 mars 2015
Avec Bruno de Cessole
Critique littéraire à Valeurs actuelles, Prix des Deux Magots pour son premier roman L’Heure de la fermeture dans les jardins d’Occident, Bruno de Cessole a publié il y a peu un passionnant Défilé des réfractaires, anthologie subjective autant que généreuse (600 pages !) des écrivains français qui ont formé sa sensibilité à rebours du siècle. Tous avaient en commun une réticence à ployer l’échine devant les notables, un même goût de l’allure.
Il nous revient avec… la suite : quarante-six portraits d’écrivains étrangers (douze langues), qui, d’Orwell à Nabokov, proposent un véritable tour du monde libertaire et aristocratique. Tous anarques et souverains, irréguliers et insoumis, présentés sur des tons qui varient selon la personnalité de chacun, d’où l’absence totale de… monotonie. J’y retrouve les réflexes vitaux de Cessole : ce refus des dogmes et des prudences, ce dégoût pour les préjugés, sa passion pour les schismatiques et les réprouvés. Surtout, un peu comme au bar d’un club anglais, je retombe sur quelques old boys parfois perdus de vue : Nicolas Gomez Davila, quintessence de l’esprit antimoderne et « Cioran des antipodes »; Gregor von Rezzori, hobereau de la Double Monarchie ; Jünger, que ce veinard a pu rencontrer à Wilflingen ; Durell, avec qui il a bu du Fitou à neuf heures du matin ; Burgess, « l’anarchiste thomiste » ; Bernhard et Borges… Et von Salomon, et Conrad ! Quelques absences, assumées, viennent préciser le portrait en pointillé qui se dégage de l’ensemble. Mais, pour l’essentiel, « la famille », comme disait Vladimir Dimitrijevic, à qui le livre est dédié en compagnie de Joachim Vidal, un autre seigneur de l’édition. Des pistes de lecture pour des années, un compagnon pour les nuits trop longues, un cordial pour les fins d’hiver.
Christopher Gérard
Bruno de Cessole, L’Internationale des francs-tireurs, L’Editeur.
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Concernant cet écrivain, voir mon Journal de lecture,
Entretien avec Bruno de Cessole (2008)
Qui êtes-vous ? Comment vous définiriez-vous ? Comme certains personnages de votre roman, L’Heure de fermeture dans les jardins d’Occident, à savoir « un agent secret de la civilisation » ?
Il m’est difficile de me définir moi-même, et sans doute l’écriture est-elle pour moi le moyen de me connaître mieux, encore que je ne sois pas très porté sur l’introspection. Pour faire bref, disons que j’ai vécu longtemps pour, par, et dans les livres. De façon presque borgésienne le monde m’apparaissait comme une vaste bibliothèque universelle et je souscrivais volontiers à l’assertion de Mallarmé, à savoir que le but de l’existence est d’aboutir à un beau livre. Je suis un peu revenu de ce fanatisme de jeunesse, et j’ai même cherché à contrebalancer cette influence en épousant le réel dans ce qu’il a de plus prosaïque et de plus brutal, mais la littérature me semble toujours, non seulement « un souverain remède contre les dégoûts de la vie », mais un viatique pour temps de détresse, et, plus encore, un mode de vie, une manière unique de dédoubler son existence, de connaître par procuration toutes les vies que j’aurais aimé mener et que, par la force des choses, je ne connaîtrai jamais. Aujourd’hui, c’est sans contradictions que je vis ma double identité d’homme de culture et d’homme de la nature - à travers le recours aux forêts, cher à Jünger. Agent secret de la civilisation ? L’expression, que le grand critique italien Mario Praz s’appliquait à lui-même - et qualité dont relève à mes yeux un Cyril Connolly, un George Steiner, un Claudio Magris ou un Pietro Citati, me plaît, bien qu’il me paraisse présomptueux de me l’approprier. Dans la modeste mesure de mes moyens, je me suis efforcé – en tant que journaliste culturel, critique littéraire, et comme écrivain, notamment dans ce livre, d’être un passeur, de faire aimer et de transmettre des œuvres, des traditions, une certaine idée du goût et de la beauté, dont je constate, navré, qu’elles disparaissent peu à peu sous la lame de fond du « tout marchandise », de l’indifférencié, et du déferlement des modernes Barbares.
Quels ont été vos maîtres en littérature, ceux du passé et ceux que vous avez eu la chance de côtoyer ?
Plutôt que de maîtres, je parlerai de créanciers, dont je me sens à jamais débiteur. Parmi les écrivains du passé ( expression que je récuse car un grand écrivain est toujours un contemporain ) je suis redevable envers une famille littéraire qui va de Chateaubriand à Montherlant en passant par Stendhal, Baudelaire et Barrès ; mais, par certains aspects, je fais aussi allégeance à Flaubert ( pour son éthique littéraire) et à sa postérité, sans même parler des écrivains étrangers, comme Knut Hamsun, Jorge Luis Borgès ou Evelyn Waugh, ce qui m’entraînerait dans des développements trop longs. Parmi ceux que j’ai eu le privilège de connaître, je citerai au premier chef, Ernst Jünger, Vidia Naipaul, Lawrence Durrell, Mario Vargas Llosa, Gregor von Rezzori, Ismaïl Kadaré, et, chez les Français, Jacques Laurent, Michel Déon, Bernard Frank, Jean d’Ormesson, et Guy Dupré…
Votre roman, dont les personnages paraissent si proches de Sénèque et de Lucrèce, semble témoigner d’une intense nostalgie de l’Antiquité. Quelle en est la source ?
L’Antiquité est une vieille passion, depuis les bancs du lycée et de l’université, passion entretenue et développée par la lecture de Nietzsche, Heidegger, et Steiner. Les présocratiques, les Cyniques, les Stoïciens, ont nourri ma pensée, de même que Eschyle et Sophocle, Aristophane, Virgile, Lucrèce, Horace, Tacite et Sénèque, ont formé ma sensibilité. Les derniers jardins de l’Occident, peut-être bientôt en déshérence, ce sont les sources pérennes d’Athènes et Rome qui les irriguent, même si, en héritiers ingrats, nous avons oublié que les Grecs et les Romains nous ont, les premiers, appris à vivre, aimer, et mourir. C’est donc sous les espèces de la nostalgie que se tisse notre rapport à cette Atlantide sombrée qu’est l’Antiquité.
Ce roman, qui comme l’a bien vu Guy Dupré est un conte philosophique, met en scène une sorte de Diogène parisien, le fascinant Frédéric Stauff. Comment ne pas s’interroger sur ce patronyme qui évoque Faust et les Stauffen (FrédéricII !!!)… ou même le comte von Stauffenberg. Qui est donc ce mixte de Cioran et de… De qui au fait?
Anti Socrate, apologiste de Calliclès, et héritier lointain de Diogène le Chien, Frédéric Stauff, philosophe non salarié, est un être de fiction, dont le nom est, on l’aura deviné, l’anagramme de Faust. Mais ce Faust inversé, dont la volonté de puissance est tournée contre lui-même, emprunte un certain nombre de traits, de formules et d’idées, à quelques personnages bien réels : l’irascible Docteur Johnson, Nietzsche, Schopenhauer, et, bien sûr, E.M Cioran, qui, comme lui, hantait les jardins du Luxembourg et ses parages, déplorait l’inconvénient d’être né, campait sur les cimes du désespoir, et déclinait les syllogismes de l'amertume. On pourrait aussi relever chez lui des ressemblances avec des héros de fiction comme le Neveu de Rameau ou le M Lepage du Confort intellectuel de Marcel Aymé. En revanche, mon personnage qui prône l’abstention, le refus de l’agir, et tient l’Histoire pour un catalogue de calamités, ne doit rien à Fréderic de Hohenstaufen – si fascinant soit-il, ni, moins encore, à Claus von Stauffenberg, si admirable soit-il …
Tout le roman (le conte) baigne dans une atmosphère à la fois crépusculaire et allègre. Pourrais-je vous qualifier d’auteur tragique ? De contemplateur ironique de notre présente (et provisoire ?) déréliction ?
De fait, j’ai tenté, dans ce livre, d’ exprimer ce qu’est la « joie tragique », autrement dit l’exultation violente que l’on peut éprouver à se sentir vivre , ici et maintenant, en pleine harmonie avec un univers sans arrière-monde, affranchi de l'espoir, comme de la crainte, face à l’échéance finale au terme de laquelle nous retournerons en poussière. Ce que Frédéric Stauff résume en ces termes : « Que ma destinée fût éphémère, que ce corps, fidèle serviteur de mes désirs, dût retourner au néant dont il était sorti, ne m’était pas source de chagrin ou de ressentiment, mais, à rebours, motif à célébrer dans cette vie fugace et traversée, le principe adorable de la puissance, de la gloire, et de l’éternité ». De là, l’allégresse qui traverse le livre et dissipe l’atmosphère crépusculaire ( le pressentiment de la fin d’une civilisation, dont la fermeture des jardins d’occident est la métaphore) que vous évoquez. Avec l’allégresse, l’ironie, vous avez raison de le souligner, est, en effet, l’autre composante majeure du roman qui n’est pas, comme certains ont voulu le voir, une charge contre notre époque, mais un exercice d’admiration, de gratitude, envers les grands intercesseurs, philosophes et écrivains, paysages spirituels, qui, à travers l’épaisseur du temps, nous ont aidé et nous aident toujours à vivre, ou à survivre.
Propos recueillis par Christopher Gérard pour le Magazine des Livres
Paris, octobre 2008.
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15 janvier 2015
Jacques Laurent ou le Joyce français
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11 décembre 2014
Agnotologie
Agnotologie.
Un nouveau vocable appris ce jour en sirotant un café éthiopien chez Aksoum (http://www.aksumcoffeehouse.com/) et en lisant le Monde diplomatique, gracieusement mis à ma disposition : créé par un professeur de Stanford, le terme désigne cette science de l’ignorance (au service, qui l’eût cru, d’un néo-capitalisme libidinal – merci mai 68) qui consiste à organiser le brouillage intégral des repères, à entretenir un obscurantisme hargneux, tout cela pour vendre du tabac synthétique ou du vin soufré, pour détruire l’école publique, pour…
Agnotologie. De quoi transformer un fringant conservateur (Votre serviteur) en Garde rouge – ou plutôt en Garde blanc (les épaulettes, le style...).
« Il faut, contre cette société, constituer une force de combat, libre de toutes les vieilles doctrines, un corps-franc".» dixit Drieu (Gilles).
Sabre au clair !
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03 novembre 2014
Désuet, Christopher Gérard ?
Désuet ?
Dans sa note Osbert & autres historiettes, Loïc Di Stefano, du Salon littéraire, (http://salon-litteraire.com/fr/christopher-gerard/review/...) évoque, non sans gentillesse, le caractère désuet de ce livre, voire de mon style.
Désuet est introuvable dans Littré, car le mot n’apparaît qu’à la fin du XIXème, formé sur le participe du verbe latin desuesco : « je me déshabitue » (merci Gaffiot). Mais c’est tout moi, cela : déshabitué ! Je dirais même plus : décontaminé. J’assume, je persiste et signe : désuet, jusqu’au bout des ongles. Et même suranné, voire archaïque, que dis-je ? attardé. Car je m’attarde (en bonne compagnie) loin des blandices du siècle, je musarde tout en gardant à l’esprit que Littré disait des mots tombés en désuétude qu’ils peuvent difficilement être rayés de la langue vivante. Désuet peut-être, mais coriace.
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