ARCHAÏONLes tablettes de Christopher Gérard2024-03-18T15:51:15+01:00All Rights Reserved blogSpiritHautetforthttp://archaion.hautetfort.com/Archaïonhttp://archaion.hautetfort.com/about.htmlLes Nobles Voyageurstag:archaion.hautetfort.com,2023-11-23:64723762024-03-18T15:46:32+01:002024-03-18T15:46:32+01:00 Un journal de lectures, l’hommage d’un écrivain à...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6495197" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/01/00/3724541625.jpg" alt="littérature,critique littéraire,nouvelle librairie" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Un journal de lectures, l’hommage d’un écrivain à cent vingt-deux confrères d’hier et d’aujourd’hui. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Des voix singulières, qui ont en commun un même amour du Vrai, du Juste et du Beau.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Dans une lettre naguère adressée à l’un de ses proches, le jeune Dominique de Roux exposait son idéal : « reformer et réformer l’ordre des nobles voyageurs ». Telle est la posture spirituelle et artistique illustrée dans ce livre.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p> </p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Les Nobles Voyageurs ?</span></strong></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Les écrivains initiés, les porteurs de lumière, que sais-je encore ? Peut-être les Cavaliers seuls. Esthètes, ils ont en commun l’amour du vrai et du beau ; réfractaires, ils font preuve d’indocilité. Esprits tragiques, ils partent sans illusions à la chasse au bonheur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">J’aime les cœurs rebelles, que je ne confonds pas avec les marginaux, si souvent récupérés et métamorphosés en notaires de la parole. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">J’ai en horreur les bavards et les cacographes, le charlatanisme et le jargon – particulièrement celui des « sciences » humaines, qui pollue tant de livres contemporains et les fait vieillir à toute allure. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Comme nous l’enseignent Horace et Plutarque, le poète a pour mission de rayonner, d’ennoblir l’homme en lui révélant le sens de la cohérence et de la mesure. C’est en cela que l’écriture relève à mes yeux de la fonction sacerdotale : elle a pour rôle de créer de la beauté et d’initier à l’excellence. </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: 24pt; font-family: Garamond, serif;">456 pages, 24.5€</span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: 24pt; font-family: Garamond, serif;">*</span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: 24pt; font-family: Garamond, serif;">**</span></strong></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6495198" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/02/02/987048649.jpg" alt="littérature,critique littéraire,nouvelle librairie" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6499552" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/00/01/2073648333.jpg" alt="littérature,critique littéraire,nouvelle librairie" /></p><p style="text-align: center;">*</p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6504714" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/00/00/3145842698.jpg" alt="littérature,critique littéraire,nouvelle librairie" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><span style="color: #050505; background: white;">"Une indépendance dans le jugement fondée sur l'incomparable union de la pensée et de la poésie qu'a réalisée la culture gréco-latine et ouverte sur la transcendance (...). <strong>Christopher Gérard cible l'inconscient collectif moderne</strong>".</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><span style="color: #050505; background: white;">Jacques Franck, <em>La Libre Belgique.</em></span></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><span style="color: #050505; background: white;"><em>*</em></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><span style="color: #050505; background: white;">"Paraissent ces jours-ci deux livres qui se font face comme William Wilson et son double chez Edgar Poe : <em>Les nobles voyageurs</em> de Christopher Gérard & <em>Le dictionnaire amoureux des écrivains contemporains</em> de Frédéric Beigbeder. Ecrits par deux esthètes à qui "on ne la fait pas", ces deux ouvrages permettent de confronter, loin de tout académisme, deux pratiques de la littérature telle qu'elle se fait (ce qui est d'autant plus piquant qu'ils écrivent parfois au sujet des </span>mêmes auteurs). D'un côté, - j'ai nommé Christopher Gérard -, on trouve le culte du style, de la liberté et du panache, de l'autre, - j'ai nommé Frédéric Beigbeder -, une défense des livres à la mode, qu'on peut résumer par un mot d'ordre : la transgression socialement acceptable. Je l'écris d'autant plus aisément que je figure dans les deux livres (cocorico) : dans le premier, comme écrivain ; dans le second, comme éditeur. <strong>Des deux livres, le plus libre, le plus "dégagé", pour parler comme Rimbaud, est à mon estime celui de Christopher Gérard. Il défend une idée du goût. Il écrit non pour son temps, il prend appui sur celui qui vient. </strong>"</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p><span style="font-size: 24pt;"><span style="font-family: Garamond, serif; color: #050505; background: white;"> </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif;"><span style="color: #050505; background: white;">Stéphane Barsacq, </span><span style="color: #050505; background: white;">FB le 2 décembre XXIII</span></span></span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 24pt; font-family: Garamond, serif; color: #050505; background: white;">*</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif; color: #050505; background: white;">"Christopher Gérard est un homme de goût. Ce dandy païen ne se contente pas de l’élégance de ses célèbres costumes trois-pièces sur mesure et consacre une certaine idée de la littérature dans ses textes. Il vient de publier aux éditions de la Nouvelle Librairie un recueil de notes de lecture <em>Les Nobles Voyageurs,</em> au programme, éloge du style, de la liberté et de la littérature européenne."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif; color: #050505; background: white;">Anthony Marinier, pour la revue <em>Eléments</em> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: Garamond, serif; color: #050505; background: white;">https://www.revue-elements.com/explorer-les-cimes-de-la-litterature-avec-christopher-gerard/</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 24pt; font-family: Garamond, serif; color: #050505; background: white;">*</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif; color: #050505; background: white;">"Christopher Gérard ne se contente pas de maintenir les armes de Bruxelles dans une ville-monde de plus en plus exotique, il « maintient », ni plus ni moins que Guillaume d’Orange en sa devise, qui n’est guère plus à l’ordre du jour. À l’instar de François Villon, il pourrait dire : « En mon pays suis en terre lointaine. » En mon pays, en mon époque, parmi mes si peu contemporains… "</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif; color: #050505; background: white;">François Bousquet, <em>Eléments</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: Garamond, serif; color: #050505; background: white;"><em>https://www.revue-elements.com/leurope-secrete-de-christopher-gerard-dans-les-pas-des-ecrivains/</em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 24pt; font-family: Garamond, serif; color: #050505; background: white;"><em>*</em></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">"Christopher Gérard écrit comme les officiers britanniques chassent à courre, avec une précision dans l’attaque, une attention de l’expression juste, un souci d’équilibre dans l’éloge comme dans l’éraflure, il réussit à garder ses nerfs et sa veste de tweed parfaitement droite, à ne pas s’enflammer sur un auteur pourtant inconstant, son sang-froid est le signe d’une belle érudition et d’un véritable sens du partage."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Thomas Morales, <em>Causeur.fr</em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><em>*</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">"Vous aimerez vous aventurer dans la forêt dressée par Christopher Gérard, car ses halliers recèlent des merveilles."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Richard de Sèze, <em>Politique magazine </em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6510201" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/00/02/2166248353.png" alt="littérature,critique littéraire,nouvelle librairie" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><em>*</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">"Un grand bravo pour ce livre, dans la lignée du cher Pol Vandromme, qui fera date."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Christian Dedet, <em>Service littéraire</em></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6510202" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/00/01/4279898566.jpg" alt="littérature,critique littéraire,nouvelle librairie" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;">*</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;">"Christopher Gérard vit par et pour la littérature".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;">Stéphane Blanchonnet, <em>Le Bien commun</em></span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6510204" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/02/00/137010670.jpg" alt="littérature,critique littéraire,nouvelle librairie" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;">*</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;">"Que des hommes remarquables, tous membres d'une Europe secrète et partisans d'une littérature engagée et en exil."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;">Gilles Brochard, <em>Ecoréseau</em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6510205" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/01/02/129713811.jpg" alt="littérature,critique littéraire,nouvelle librairie" /></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 24pt;">*</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">"Un vaste et élégant salon peuplé de silhouettes familières et baroques où règne un ton de conversation supérieure."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Romaric Sangars, <em>L'Incorrect</em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6510603" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/01/00/1796999415.jpg" alt="littérature,critique littéraire,nouvelle librairie" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;">*</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;">"Lire c’est réagir : voilà qu’elle pourrait être la maxime présidant au recueil d’articles de <strong>l’un des rares écrivains incorrect de notre temps</strong>. Qu’il soit remercié des bon moments passés en compulsant sa galerie de portraits anciens et de croquis contemporains."</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;">Jérôme Besnard, <em>Omerta</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p><img id="media-6491960" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/02/01/3422651018.jpg" alt="Nobles Voyageursn couverture seule.jpg" /></p><p> </p><p> </p><p> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Prière de commander directement chez l'éditeur, qui prend un risque certain en publiant ce genre de livre inactuel :</span></p><p style="text-align: center;">https://nouvelle-librairie.com/boutique/litterature/les-nobles-voyageurs/</p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p>
Archaïonhttp://archaion.hautetfort.com/about.htmlOmegatowntag:archaion.hautetfort.com,2024-03-12:64892692024-03-12T20:46:53+01:002024-03-12T20:42:00+01:00 Du précédent roman de Marc Obregon, Mort au...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6518103" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/00/00/3864105899.jpg" alt="Omegatown.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;"><strong> </strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Du précédent roman de<em> </em>Marc Obregon, <em>Mort au peuple, </em>je disais avoir été agacé et séduit par la prose violente, où visible était l’influence de Dantec. Dans ce périple eschatologique, Obregon dépeignait, dans la France de 2039, un terroriste, victime d’une vicieuse manipulation, enfermé à vie dans une cellule de haute sécurité. Il s’agissait là de la description clinique d’un jeune conspirationniste, gavé de sous-culture numérique et révulsé par le remplacement de toute expérience sensible du monde par le simulacre global.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6518104" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/02/01/1346535086.png" alt="276744515.png" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Avec <em>Omegatown</em>, nous restons dans la même atmosphère vénéneuse et cauchemardesque : quelques années après le Grand Champignon de 2035, une guerre nucléaire en Mer de Chine, Victor rentre à Paris après des années de prison pour son engagement comme mercenaire dans une guerre perdue d’Asie centrale. L’ancien taulard, ravagé par divers traumatismes, auxquels s’ajoute le poids d’une longue détention sous neuroleptiques, découvre un Paris métamorphosé en parc d’attractions et soumis à de redoutables intelligences artificielles : quartiers gentrifiés, fermes verticales, trottinettes solaires pour élites aussi névrosées que technolâtres, logements interconnectés où absolu est le contrôle de l’habitant (jusque dans ses victuailles), naissante épidémie de peste…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Pour se racheter, Victor a dû céder ses données mémorielles à la Direction du Renseignement, qui va l’utiliser comme agent clandestin d’une opération de surveillance, dont la cible est un ingénieur, Becker, un ténor de l’IA soupçonné d’espionnage. Pour son bien, et aussi pour le surveiller, l’État lui adjoint le Doc, une IA omnisciente qui prend la forme d’un hologramme hyper-réaliste d’Anna Karina. Nous le suivons dans ses premières investigations (<em>Omegatown</em> n’est qu’un premier volume) dans ce monde dystopique et cyberpunk. Le titre, <em>Omegatown</em>, fait explicitement référence, sur un mode parodique, au film <em>Alphaville</em>, de Jean-Luc Godard, avec Anna Karina justement. Obregon place sa ville de la fin (oméga) sur notre vieille terre et non dans l’espace. La suite du roman nous apprendra si, comme dans le film, une sorte d’évasion, l’amour par exemple, est possible… Les céliniens reconnaîtront un morceau de bravoure à la fin de ce roman souvent profus et bavard, mais diablement efficace.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Christopher Gérard</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Marc Obregon, <em>Omegatown</em>, Éditions du Verbe haut, 140 pages, 18€</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Il est question de Marc Obregon dans</span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6518108" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/02/00/786562582.jpg" alt="littérature,editions du verbe haut" /></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p>
Archaïonhttp://archaion.hautetfort.com/about.htmlPol Vandromme, pirate modèletag:archaion.hautetfort.com,2024-03-09:64888242024-03-09T18:59:25+01:002024-03-09T18:56:00+01:00 Dans Libre parcours , précieux...
<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6517451" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/00/02/3015325737.2.jpg" alt="pv3.jpg" /></p><p style="text-align: justify;" align="center"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;"><strong> </strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Dans <em>Libre parcours</em>, précieux volume de souvenirs dont le titre illustre tout un itinéraire, celui d’un petit-fils de mineur, fils de résistant devenu le témoin de la droite buissonnière et l’un des plus grands critiques littéraires des années 1950 à 2000, Pol (et non Paul, car le prénom était bien Polydore) Vandromme disait « Je m’étais fait le serment de ne jamais me leurrer ». Plus de soixante livres publiés depuis 1955 illustrent une posture anticonformiste, « à l’affût des mots et des idées de l’inconfort ».</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Voilà que la librairie Fosse disperse les archives du grand critique : plus de six cent cinquante pièces, dont nombre de pépites, présentées par son ami Marc Laudelout. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Les manuscrits tout d’abord, celui de son <em>Brasillach</em> (1956 - le premier essai sur le poète foudroyé), par lequel Vandromme fit, non sans courage, ses débuts en littérature ; ses essais sur Mauriac, Tintin, Aymé, Céline. Des articles aussi, sur Berl, Simenon, Vialatte…</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6517452" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/01/01/3380243273.jpg" alt="pv1.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Tous ses livres, depuis le premier, publié en 1955 au Cerf, <em>Le cinéma et l’enfance</em>, jusqu’au dernier (de son vivant), <em>Une famille d’écrivains</em>, édité par le Rocher en 2009, soit plus d’un demi-siècle d’activité inninterrompue.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Ensuite la correspondance, une mine sur soixante ans de vie littéraire, des lettres ou cartes de Marcel Aymé (« agréablement surpris par ce que vous m’apprenez sur moi ») à Boudard (« La clef de Céline, c’est la rue. Sa langue, sa forme d’esprit, sa virulence, tout cela passe par la rue »), de Déon (194 lettres, quarante ans d’échanges, qui pourraient constituer une beau livre) à Hergé ou à Jean Mabire, qui lui rappelle un propos tenu à Rome peu avant 1968 : « En période de décadence, le jeu le plus stérile et le plus décadent est d’essayer de lutter contre la décadence ». N’oublions pas Marceau (99 pièces), Nimier (« Vous ne pouvez pas rester dans cette déplorable condition d’écrivain de droite »), Poulet, Rebatet, Dominique de Roux et même Yourcenar.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6517453" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/01/00/2396656025.jpg" alt="pv2.jpg" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Enfin, sa bibliothèque, plus de trois cent cinquante ouvrages avec envoi, d’Aragon à Volkoff : les œuvres quasi complètes de Bardèche, Déon, Dupré, Dutourd, Matzneff, Mohrt, Poulet – les proches. Et aussi de splendides envois de Jean Cau, Hergé (<em>Les Bijoux de la Castafiore</em> !), Pirotte, Tesson, Modiano (<em>Rue des boutiques obscures</em> « en amical hommage <u>d’un compatriote </u>») et <em>La Mort de Céline,</em> ainsi dédicacé par Dominique de Roux : « Pour Pol Vandromme, pirate modèle, avec la vieille affection et la rage de Dominique ».</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Emouvant ensemble dont la dispersion ravive la peine de tous ses amis, pour qui ce libertaire fut un modèle de courage et d'ironie, de finesse et de liberté. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Christopher Gérard</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;"><em>Pol Vandromme 1927-2009. Hussard belge, cœur français</em>, Librairie Eric Fosse, catalogue 106, mars 2024, <a href="http://www.librairiefosse.fr">www.librairiefosse.fr</a></span></p><p><span style="font-size: 18.0pt; font-family: 'Garamond','serif';"> Lire aussi :</span></p><p><span style="font-size: 18.0pt; font-family: 'Garamond','serif';">http://archaion.hautetfort.com/archive/2015/12/30/presence-de-pol-vandromme-5737531.html</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: 18.0pt; font-family: 'Garamond','serif';">J'ai dédié mon dernier livre à la mémoire de Pol Vandromme :</span></strong></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6517454" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/01/01/1898629792.jpg" alt="pol vandromme,librairie" /></p>
Archaïonhttp://archaion.hautetfort.com/about.htmlExit Alfred Eibeltag:archaion.hautetfort.com,2024-02-23:64865442024-02-23T09:19:56+01:002024-02-23T09:19:00+01:00 Triste nouvelle, Alfred Eibel est mort. N é à Vienne en...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6513835" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/00/00/2029604195.jpg" alt="alfred-eibel-souvenirs-viennois.jpg" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Triste nouvelle, Alfred Eibel est mort. N</span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">é à Vienne en 1932 - il se souvenait de l'Anschluss et de l'entrée d'Adolf Hitler dans sa ville - il avait vécu en Belgique, où il avait étudié au prestigieux Collège Cardinal Mercier. L'homme était charmant, immensément cultivé et d'une merveilleuse bienveillance pour ses cadets - j'en sais quelque chose pour avoir lu quelques lignes généreuses sur certains de mes livres. Je l'avais rencontré à une signature de Radio Courtoisie : j'avais été présenté par Michel Mourlet, sésame parfait, et nous avions immédiatement noué un lien. Il avait fréquenté Ernst Jünger et </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24px;">Fritz Lang, Arno </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Breker et Leni Riefenstahl (ce qu'il disait avec un sourire délicieusement ambigu), Gregor von Rezzori. Un temps éditeur à Lausanne (il dilapida ainsi un semblant de fortune), il publia </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24px;">Fernando Pessoa (le premier, me dit Jérôme Leroy, qui m'apprend sa mort), </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Jean-Pierre Martinet, Kenneth White... </span></p><p align="justify"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6513840" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/00/01/2246371624.jpg" alt="ae 2.jpg" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;" align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Critique littéraire, il écrivit dans <em>Le Quotidien de Paris, les Nouvelles littéraires, les Lettres Françaises, le Figaro</em>, Le <em>Magazine littéraire, </em>et aussi dans <em>Matulu, la Revue littéraire, Polar, Service littéraire</em>… </span></p><p style="text-align: justify;" align="justify"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Voici ce que j'écrivais il y a deux ans à propos de ses <em>Souvenirs viennois.</em></span></p><p style="text-align: justify;" align="justify"> </p><p><img id="media-6513841" style="margin: 0.7em auto; display: block;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/02/01/3095707800.jpg" alt="ae 3.jpg" /></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Né en 1932 à Vienne d’un père officier tôt disparu et d’une mère austro-hongroise, Alfred Eibel est une figure attachante de la vie littéraire qui a traîné ses bottes de Bruxelles à Hollywood, de Prague à Zürich. L’homme a fréquenté bien du monde : Fritz Lang et Kenneth White, Léo Malet et Etiemble, Gregor von Rezzori et Gabriel Matzneff (qu’il a édité, avec quelques autres, dont Gérard Guégan et Pol Vandromme). Il connaît sur le bout des doigts le cinéma européen, la littérature chinoise et l’opéra autrichien. De père catholique, il a connu, après l’Anschluss, l’exil en Belgique avec son beau-père juif. Il est sans doute l’un des rares écrivains français d’aujourd’hui à avoir vu passer Hitler dans la Vienne de 1938 et à avoir entendu les stukas mitrailler les foules de l’exode en 1940. Alfred Eibel est un personnage de légende.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Voilà qu’il nous livre ses <em>Souvenirs viennois</em> par le truchement d’un joli ouvrage à la nostalgie ironique, car l’homme n’est jamais dupe. « En naissant à Vienne, écrit-il, j’ai vu le jour sur une zone sismique qui m’a fait penser à chaque instant à la disparition définitive du passé, à l’exemple de l’Atlantide ». C’est justement cette cité engloutie qu’il évoque par tableautins : la Vienne des années 50, qui lui sert de marchepied pour nous replonger, par fines allusions, dans celle de la Double Monarchie. Jonglant, non sans un zeste de perversité, entre kitsch et retour du refoulé, Alfred Eibel ressuscite la pension Operning, où il descendait naguère, avec ses naufragés de toutes sortes : rescapés des camps au sourire poli, émigrés revenus des Amériques et tous ces « accourus », Berlinois qui ont quitté leur ville rasée pour se faire oublier. Aux tables des grands cafés viennois, le Sacher, le Central ou le Mozart, il croise requins et margoulins<em>, </em>espions (nous sommes bien dans la Vienne du <em>Troisième Homme – der Dritte Mann),</em> mélomanes et cinéastes. La Vienne d’Alfred Eibel se révèle une ville à l’insouciance surjouée, qui tente de refouler les horreurs d’un passé récent ; il en rend avec brio l’atmosphère ambiguë et parfois frelatée.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Que la terre vous soit légère, cher Alfred Eibel !</span></strong></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Christopher Gérard</span></p><p> </p><h2> </h2>
Archaïonhttp://archaion.hautetfort.com/about.htmlAvec Eric Wernertag:archaion.hautetfort.com,2024-02-20:64861612024-02-20T19:30:44+01:002024-02-20T19:26:00+01:00 En 2008, je parlais pour la première fois d’Éric Werner,...
<p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;"><img id="media-6513215" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/01/02/3058634981.jpg" alt="ew 1.jpg" /></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;">En 2008, je parlais pour la première fois d’Éric Werner, politologue suisse, professeur de sciences politiques à l’Université de Genève. Il avait alors signé à L’Âge d’Homme deux essais remarqués, <em>L’Avant-guerre civile</em> et <em>L’Après démocratie</em>, où il étudiait avec une rigueur d’entomologiste les dérives de notre modernité tardive. Dans un autre livre, <em>Ne vous approchez pas des fenêtres</em>, ce disciple du philosophe russe Alexandre Zinoviev se penchait sur « les postiches de la démocratie-fiction » et jouait finement du paradoxe pour démonter maints discours lénifiants, par exemple sur la gouvernance<em>. </em>Depuis toutes ces années, il bâtit son œuvre tout en collaborant à <em>L’Antipresse</em> de mon ami Slobodan Despot.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;"><img id="media-6513216" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/00/01/3431940997.jpg" alt="ew 3.jpg" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;"><em>Dans Prendre le maquis avec Ernst Jünger.</em> <em>La liberté à l’ère de l’État total</em>, il étudie les nouvelles formes de domination alors que se restreignent les libertés, et particulièrement la liberté d’expression (« Vous ne pouvez pas dire cela » est devenu un leitmotiv que nous entendons tous de plus en plus souvent) et que se détricote notre civilisation par l’effacement des références et des mémoires, par l’amnésie programmée (par exemple dans les écoles). Dans ce contexte, ne pouvons-nous pas presque parler d’une démocratie <em>sans liberté ? </em>L’État protège-t-il encore les citoyens … ou livre-t-il une guerre contre sa propre population ? Demeure-t-il le gardien des frontières ou les considère-t-il comme obsolètes, voire abolies ? Combat-il réellement la délinquance… ou celle-ci n’est-elle pas devenue un outil de pouvoir ? Défend-il la famille traditionnelle et l’école, garantes d’un authentique lien social ou favorise-t-il leur « déconstruction » (comprendre leur destruction, pierre par pierre), l’asservissement passant par l’anomie et par l’analphabétisme de masse ? En quoi le recours aux forêts, défendu jadis par le grand écrivain allemand Ernst Jünger (1895-1998), peut-il inspirer notre réflexion à l’heure du contrôle numérique et de la (vertueuse) restriction des libertés publiques, quand s’étend ce que Tocqueville, dans <em>De</em> <em>la Démocratie en Amérique</em>, appelle « un pouvoir immense et tutélaire (…) absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux » ?</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;"><img id="media-6513218" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/02/01/3397828235.jpg" alt="ej 3.jpg" /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Pour tenter de répondre à ces questions délicates, Éric Werner relit le <em>Traité du Rebelle</em> de Jünger (paru en 1951), et aussi <em>Sur les Falaises de marbre</em>, ce roman publié de manière miraculeuse en 1939 et dont la traduction française de 1942 inspira Julien Gracq et d’autres rebelles. Plus qu’une dénonciation de l’hitlérisme (ou du stalinisme), ce qu’il était <em>entre autres</em>, ce roman visionnaire mettait en scène de manière dantesque l’inexorable montée du chaos et de la barbarie.</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;"><img id="media-6513219" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/01/00/4159084347.jpg" alt="ej 2.jpg" /></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;"><em>Le Traité du Rebelle, ou le recours aux forêts</em> est la (longue) traduction française du titre allemand original, plus lapidaire, <em>Der Waldgang</em>, littéralement « la marche en forêt ». C’est l’idée de marche à pied qui importe ici, car le <em>Waldgänger</em>, traduit en français par « Rebelle », est avant tout « celui qui marche en forêt », un piéton donc. Ce piéton résiste à sa manière à l’automatisation globale, pressentie par Jünger sous la forme de « l’inexorable encerclement de l’homme » par un État total, prélude à sa liquidation rationnelle. Jünger avait certes en mémoire les tueries industrielles de 14-18 et de 39-45, décidées et mises en place par une caste d’ingénieurs dépourvue d’<em>ethos</em> comme de <em>nomos</em> - l’incarnation du nihilisme. Pourtant, il voyait plus loin, sans doute grâce à son frère, le poète Friedrich-Georg, auteur d’un fondamental <em>La</em> <em>Perfection de la technique</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;">L’un des multiples intérêts de l’essai d’Éric Werner, d’une magnifique densité, réside aussi dans l’éloge de la marche à pied, illustrée par un salut mérité à Sylvain Tesson, dont le récit <em>Sur les Chemins noirs, </em>narrant sa traversée en diagonale d’une France désertée, prend une valeur réellement initiatique en tant que défense d’une forme de <em>secessio nobilitatis</em>. L’immonde pétition dont Tesson fut récemment la cible démontre que la meute, toute à son adoration impie de la soumission, n’attend qu’un signe pour se jeter sur les piétons solitaires. Le comble de l’indécence réside à l’évidence dans la prétention de ces chacals à être des hommes libres.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Christopher Gérard</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Eric Werner, <em>Prendre le maquis avec Ernst Jünger. La liberté à l’ère de l’État total</em>, La Nouvelle Librairie, 110 pages, 13€</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt; font-family: georgia, palatino, serif;"><span style="font-size: 16.0pt; font-family: 'Garamond',serif;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt;"> On lira avec profit </span> </span></span></p><p style="text-align: justify;">https://www.revue-elements.com/prendre-le-maquis-avec-eric-werner-4-4-le-recours-aux-forets/</p><p><span style="font-size: 16.0pt; font-family: 'Garamond',serif; color: black;"> </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 16.0pt; font-family: 'Garamond',serif; color: black;"> <strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 14pt;">Il est aussi question d'Eric Werner dans mon Journal de lecture</span></strong></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6513220" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/02/02/786562582.jpg" alt="NV couv.jpg" /></p><p><span style="font-size: 16.0pt; font-family: 'Garamond',serif;"> </span></p>
Archaïonhttp://archaion.hautetfort.com/about.htmlAvec Michel Mourlet IItag:archaion.hautetfort.com,2024-01-22:64815302024-01-23T09:48:01+01:002024-01-22T20:31:00+01:00 Près d’un demi-siècle après la parution de...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6506412" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/00/01/1407369951.jpg" alt="mm5.jpg" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p><span style="font-size: 16.0pt; font-family: 'Garamond',serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Près d’un demi-siècle après la parution de <em>L’Éléphant dans la porcelaine</em> (1976) paraissait le cinquième volume du <em>Temps du refus,</em> sous le titre <em>Péchés d’insoumission.</em> S’y retrouve le même esprit de résistance spirituelle que dans <em>Crépuscule de la modernité</em>, <em>La Guerre des idées </em>et <em>Instants critiques. </em>Même lucidité, même limpidité dans l’analyse du funeste déclin, même ligne claire dans l’expression, même cohérence mentale - une lame de Tolède.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6506413" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/01/00/3701618559.jpg" alt="mm3.jpg" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Michel Mourlet publie aujourd’hui, non pas la suite, mais un complément bienvenu, sous le titre : <em>Trissotin, Tartuffe, Torquemada. La conjuration des trois T</em>, les jalons d’un parcours rebelle depuis plus de six décennies, à rebours des modes et en opposition frontale à la culture officielle. Par une triste coïncidence, ce livre paraît au moment où quelques centaines de poétastres et de rimailleuses dénoncent en chœur, et dans un charabia à prétentions « inclusives », un écrivain voyageur, Sylvain Tesson, coupable d’incarner « une icône réactionnaire ». Éternelle cabale des médiocres qui illustre le mot connu de Bernanos : « Les ratés ne vous rateront pas ».</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Depuis le mitan des années 1950, Mourlet ferraille contre cette alliance des pédants, des faux-jetons et des fanatiques, précurseurs de l’actuelle pensée unique. Parmi les cibles de ce recueil de textes anciens ou récents, les dérives d’une certaine littérature, l’académisme de l’art contemporain, la dégradation continue de notre langue française.</span></p><p style="text-align: center;"><img id="media-6506414" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/00/01/1854073711.jpg" alt="mm4.jpg" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">L’ouvrage commence par un <em>Précis de dégoût politique</em>, une démolition en règle du devoir d’ingérence et de toute illusion romantique : « L’erreur fatale de l’<em>homo politicus </em>moderne est d’auréoler d’une frange mythique de morale de purs rapports de force, de purs affrontements de fauves dans la jungle ». Son programme ? « Retrouver l’ordre naturel des choses, la simplicité de l’être », à savoir les hiérarchies, au fondement de toute société juste et durable.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Sa défense de la nation contre les délires fédéralistes, fourriers du mercantilisme le plus destructeur et de la paralysie la plus débilitante, le poussa naguère à s’engager aux côtés de Jean-Pierre Chevènement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Les attaques sournoises contre le français exaspèrent Mourlet : « La langue nationale fait partie de nos biens les plus précieux. Le citoyen qui la dégrade est coupable de haute trahison ; le politicien ou le fonctionnaire de l’État qui tolère ou encourage cette dégradation est coupable de forfaiture. » Ses charges contre le franglais sont jubilatoires : il s’agit toujours pour lui de se dresser contre ceux qui, acceptant de perdre leur langue, perdent leur âme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Rédigé à vingt ans ( !) et dans une totale solitude, son <em>Contre Roland Barthes</em>, « idole aux neurones tordus », témoigne de sa lucidité comme de la fermeté de son style : « La syntaxe est un impératif des échanges humains, intemporel, non soumis aux aléas de l’Histoire ou à quelque contrainte née de la lutte des classes ». Ou cette conclusion, lumineuse : « L’écriture, opération thaumaturgique, se situe d’emblée hors du temporel ; et lorsqu’elle s’y plonge, elle le solidifie, l’immobilise, le sculpte. Avec son ciseau de sculpteur et les armes plus secrètes de sa musique, l’écrivain se bat contre la mort. Tout ce qui tend à situer la littérature à l’écart de ce drame se condamne à l’insignifiance. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Michel Mourlet ? Un pur classique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Christopher Gérard</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Michel Mourlet, <em>Trissotin, Tartuffe, Torquemada. La conjuration des trois T. Jalons d’un parcours rebelle 1956-2022</em>, France Univers, 214 pages.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: center;" align="center"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">*</span></p><p style="text-align: center;" align="center"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">**</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: center;" align="center"><span style="font-size: 18pt;"><em><span style="font-family: georgia, palatino, serif;"><strong>Trois questions à Michel Mourlet </strong></span></em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;"><strong>Quels ont été vos maîtres en littérature, ceux du passé et ceux que vous avez eu la chance de côtoyer ?</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">J’ai envie de répondre : Ni Dieu ni maître ! Je crois n’avoir eu que d’intimes admirations. Dans le passé et le désordre, quelques noms me viennent à l’esprit : Hugo, Valéry, Nietzsche, Racine, Vigny, La Bruyère, Stendhal, Barrès… Côtoyés : Fraigneau, Montherlant. En vérité j’ai lu ou connu personnellement – et infiniment goûté – beaucoup plus d’écrivains que cela et chacun a pu déposer en moi quelque chose de lui. Mais, comme je l’avais expliqué dans <em>Le Figaro </em>en réponse à un questionnaire des années 60, je suis le dernier à pouvoir identifier de manière objective les lectures qui m’ont influencé. Au moins deux commentaires sur mes <em>Chroniques de Patrice Dumby</em>, l’un de Michel Déon, l’autre de Jean-Marie Drot, m’ont attribué Larbaud comme ancêtre. Or il se trouve que j’ai peu lu Larbaud. N’est-ce pas curieux ? Il y a quelque chose que je peux ajouter néanmoins, concernant la formation des talents : les échanges d’idées, de brouillons et de remarques sur ces premiers jets entre amis du même âge, si les jeunes gens en question sont suffisamment ouverts, peuvent être féconds. Flaubert et Bouilhet en fournissent la preuve ; de même Valéry, Gide et Pierre Louÿs. J’ai expérimenté cela avec deux camarades de lycée : le futur écrivain Jacques Serguine, le futur cinéaste et producteur Pierre Rissient. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;"><em> </em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;"><strong>Vous avez aussi fréquenté de grands peintres. Quelles ont été les rencontres les plus décisives ?</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Je n’ai pas assez côtoyé Salvat, qui avait créé la couverture de mon premier roman à la Table Ronde (et, par la suite, offert à mon magazine <em>Matulu </em>une très belle illustration de notre dossier sur Déon), pour dire que mes rencontres avec lui furent décisives. Elles étaient plutôt une conséquence de notre commune amitié pour André Fraigneau et Roland Laudenbach. J’en profite pour dire que Laudenbach, à mon avis, fut le dernier grand éditeur parisien, un éditeur de la trempe des Bernard Grasset, Robert Denoël ou Gaston Gallimard, pour qui « littérature » signifiait quelque chose de plus que la commercialisation d’un produit. Fermons la parenthèse. En revanche, j’ai très bien connu Savignac, qui n’était pas un grand peintre mais un immense affichiste. Il avait un sens extraordinaire du gag visuel et m’enchantait par ses propos réactionnaires d’une savoureuse virulence, qui frappaient toujours juste. Je possède de lui plusieurs gouaches grand format, notamment les illustrations originales des premières éditions de mes <em>Maux de la langue, </em>ainsi que l’affiche destinée à <em>l’Illusionniste </em>de Sacha Guitry, qui orne la couverture d’<em>Écrivains de France.</em> J’ai entretenu aussi, surtout à l’époque de <em>Matulu</em>, des contacts assez réguliers avec Mathieu, qui m’écrivait de superbes lettres, de son écriture de « seul calligraphe occidental », comme disait Malraux. J’en ai même conservé les enveloppes, qui mériteraient d’être encadrées. Mais le peintre dont j’ai été le plus proche, c’est sans nul doute Chapelain-Midy, dont la hauteur de vue, l’exigence esthétique, la profondeur de jugement, l’élégance morale et la complète indifférence aux modes intellectuelles correspondaient tout à fait à ce que j’attendais d’un artiste. C’est lui qui a peint l’admirable scène qui illustre la couverture de ma <em>Chanson de Maguelonne</em>, rééditée il y a trois ans. Avec les épîtres qu’il m’a envoyées, on pourrait presque composer un traité de l’Art… <em>A contrario</em>, et sans vouloir choquer personne, j’ai rencontré une fois le sculpteur César à Monte-Carlo et ne me suis pas attardé : il m’est apparu comme l’« artiste contemporain » par excellence, un faiseur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;"><strong>Le cinéma occupe une place importante dans votre vie comme dans votre œuvre. Vous apparaissez dans <em>A bout de souffle</em> et vous passez même pour le théoricien d’un courant. Qu’en est-il ? </strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;"><strong> </strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">Effectivement, j’ai une très grande carrière d’acteur derrière moi : dans l’obscurité de la salle du Mac-Mahon où se déroule une scène d’<em>À bout de souffle</em>, j’étais un des spectateurs. J’incarne également un consommateur attablé à la terrasse d’un café dans <em>le Signe du Lion </em>de Rohmer, un passant dans la foule de <em>Vu du pont</em>, et j’ai joué deux fois mon propre rôle : dans le premier film en Cinérama, comme rapin anonyme préparant les Arts Déco à l’Académie Cola Rossi de Montparnasse, et comme auteur dramatique dans <em>l’Ordre vert</em>, docu-fiction de la jeune et combien douée Corinne Garfin ! Plus sérieusement : j’ai participé au mouvement d’agit-prop cinématographique dit « mac-mahonien », en tant que « théoricien », comme disent les auteurs de mes notices biographiques, et bien que je n’aime guère ce mot. Ainsi que je l’ai confié récemment aux<em> Inrockuptibles </em>et au<em> Choc du mois</em>, je préfère être considéré comme l’analyste passionné d’une « expérience limite » du cinéma. (…)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 24pt; font-family: georgia, palatino, serif;">J’ai rencontré Otto Preminger, de qui j’ai appris la fascination cinématographique, grâce à <em>Laura, Angel Face, le Mystérieux Dr Korvo </em>et <em>Sainte Jeanne</em>. J’ai rencontré mon ennemi intime le scénariste Cesare Zavattini, à Rome, et j’ai même enregistré avec lui un long entretien qui doit dormir dans un de mes tiroirs. Il avait tout compris de la nécessité du réalisme et rien de la nécessité du choix. J’ai bavardé maintes fois avec Losey, à Londres, avant qu’il ne laissât quelque peu corrompre son esthétique brutalement rigoureuse par des enjolivures compliquées. Et Lang, bien sûr ! Dans mon prochain livre sur le cinéma, je raconterai mon dernier déjeuner avec lui. Et Tati, et Deville, et Sautet, et Astruc, et le cher Vittorio Cottafavi, que j’ai visité pour la dernière fois en 1995 à Rome où je m’étais rendu une fois de plus, pour cause de Centenaire du cinéma. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 24pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 18pt;"><em><span style="font-family: georgia, palatino, serif;">Propos recueillis par Christopher Gérard (2008).</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><em><span style="font-family: georgia, palatino, serif;">*</span></em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><em><span style="font-family: georgia, palatino, serif;">Il est longuement question de Michel Mourlet </span></em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><em><span style="font-family: georgia, palatino, serif;">dans Les Nobles Voyageurs</span></em></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6506415" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/02/01/3060328358.jpg" alt="NV cliché NL.jpg" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p>
Archaïonhttp://archaion.hautetfort.com/about.htmlEntretien sur Les Nobles Voyageurs Itag:archaion.hautetfort.com,2024-01-20:64811622024-01-22T17:31:58+01:002024-01-20T12:58:00+01:00 Sur Les Nobles voyageurs Propos recueillis...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6505709" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/00/02/1898629792.jpg" alt="NV2.jpg" /></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: center;"><br /><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Sur Les Nobles voyageurs</span></strong><br /><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Propos recueillis par Frédéric Saenen</span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">pour <em>La Revue générale</em>, janvier 2024.</span></strong></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Vous placez votre panthéon sous l’égide de Dominique de Roux, </span></strong><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">qui semble être le phare vers lequel convergent, peu ou prou, tous </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">les noms rassemblés dans votre ouvrage. En outre, de nombreux </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">auteurs que vous citez n’ont pas (encore) accédé à la visibilité du </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">succès qu’ils mérit(ai)ent. </span></strong><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Est-ce à dire que selon vous, pour être </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">un bon écrivain, il faut se maintenir dans une zone obscure, </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">secrète, être « rare » pour reprendre un adjectif que vous </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">affectionnez ?</span></strong></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><br /><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Je ne sais pas s’il faut être « rare », en revanche je fais mienne </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">l’injonction de mon cher Stendhal dans son Journal : être soi-</span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">même. Léautaud, un autre confrère que je place très haut, ne </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">pensait pas autrement. Aujourd’hui, alors qu’imposteurs et </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">charlatans sont encensés de manière absurde, que le tintamarre des </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">médias recouvre tout de sa gluante mélasse, je sais que « celui qui </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">se respecte ne peut vivre que dans les interstices de la société », </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">pour citer le penseur colombien Gómez Dávila. C’est ce que </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">j’appelle la <em>secessio nobilitatis </em>: retrait ironique pour sauvegarder </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">l’empire de soi-même, regard critique sur une modernité </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">destructrice, refus passionné du fanatisme, de la veulerie et de </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">l’ensauvagement.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><br /><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Michel Déon disait à propos du critique belge Pol Vandromme : </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">« Il parle uniquement de ce qu’il aime et réfléchit bien avant de se </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">laisser aller à une colère ». Est-ce cela qui vous a insufflé l’idée de </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">ne retenir ce qui vous plaisait, parmi vos lectures ? La polémique </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">littéraire vous apparaît-elle comme un exercice stérile ?</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Pol Vandromme est l’un des deux dédicataires du livre ; il a été à </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">mon égard d’une magnifique générosité, dès mon premier livre. Il </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">est pour moi un modèle de probité et d’enthousiasme. </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Sauf en cas d’imposture manifeste, je préfère le silence à la </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">polémique où l’on s’épuise en vain. Comme je le précise d’emblée, </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">je préfère célébrer les noces que le divorce. Et, en fait, je choisis </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">mes lectures, qui ne relèvent pas d’une occupation salariée mais de </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">mon seul bon plaisir. Je lis ce qui me plaît et non ce dont il faudrait </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">parler. Le temps m’étant compté, je tâche de lire des auteurs dont </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">je sais - ou perçois par de mystérieuses antennes - la valeur et </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">l’authenticité. Pas de place pour la fausse monnaie ! </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Je ne suis pas de ces critiques qui s’époumonent à vitupérer les </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">nullités : tout simplement, je les ignore. Parler des médiocres et des </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">faiseurs, n’est-ce pas les faire exister davantage ?</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><br /><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">À l’inverse, on devine l’intention de créer une famille </span></strong><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">spirituelle… Les générations se côtoient, entre mort et vivants, </span></strong><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Hussards de la première génération et Jeunes Turcs de la dernière </span></strong><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">pluie, dans un joyeux pêle-mêle. Voyez-vous cependant une </span></strong><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">constante se dessiner au fil du recueil ? N’y a-t-il que le souci du </span></strong><strong><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">style pour les fédérer ? Comment qualifieriez-vous cette famille ?</span></strong></p><p> </p><p style="text-align: justify;"><br /><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Les Nobles Voyageurs. Les écrivains initiés, les porteurs de </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">lumière, que sais-je encore ? Peut-être les <em>Cavaliers seuls</em>. Esthètes, </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">ils ont en commun l’amour du vrai et du beau ; réfractaires, ils font </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">preuve d’indocilité. Esprits tragiques, ils partent sans illusions à la </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">chasse au bonheur. Je cite dans mon livre une phrase bien connue </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">de Nimier qui pourrait résumer cela : « Nous sommes quelques-</span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">uns dont les traits communs sont un certain sérieux, un besoin de </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">vérité, un air sombre. Mais les choses sont établies de telle sorte </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">que nous faisons figure d’esprits légers (…) Nous sommes les </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">libertins du siècle. » </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Si je cite Nimier, ce n’est pas pour me constituer à la hâte une </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">panoplie d’arrière-néo-hussard, en laquelle je ne crois pas (comme </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">du reste je ne crois pas aux panoplies littéraires, quelles qu’elles </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">soient, car elles relèvent d’un jeu de rôle). Non, je partage </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">sincèrement avec "l’officier perdu", comme je l’appelle dans mon </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">livre, ce sentiment d’être exilé chez mes contemporains, d’aller <em>à </em></span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;"><em>rebours du siècle</em>. J’aime les cœurs rebelles, que je ne confonds pas </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">avec les marginaux, si vite récupérés et métamorphosés en notaires </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">de la parole. De toutes les fibres de mon être et depuis toujours, </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">j’appartiens à l’Europe secrète, en apparence submergée - mais, p</span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">areille au Soleil, invaincue.</span></p><p style="text-align: justify;"><br /><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Quant au style, je tâche de m’inspirer d’une lignée claire ou sévère, </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">la seule qui me soit lisible : Stendhal, Léautaud, Morand - pour </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">faire bref. J’ai en horreur les bavards et les cacographes, le </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">charlatanisme et le jargon - particulièrement celui des « sciences » </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">humaines, qui pollue tant de livres contemporains et les fait vieillir </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">à toute allure. Voilà pourquoi je lis peu la presse et je n’écoute </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">jamais ni la radio ni la télévision, pour me préserver des toxines. </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">À la prolétarisation vestimentaire et comportementale que nous </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">observons autour de nous correspond une prolétarisation </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">syntaxique, symptôme supplémentaire de <em>décivilisation</em>. La petite </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">bourgeoisie planétaire a le style en horreur. Comme le disait </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">naguère le regretté Vladimir Volkoff : nous vivons sous le règne de </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Procuste, ce brigand mythique qui, sur son fameux lit, </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">raccourcissait ou étirait ses victimes pour les amener à la même</span><br /><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">dimension. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Étant d’Athènes et disciple du divin Platon, pour qui le Vrai, le </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">Bien et le Beau sont consubstantiels, je sais qu’utiliser le mot juste, </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">c’est faire preuve à la fois de courage et de probité. Suivant </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">d’Apollon, je me rappelle que le Dieu Archer est celui de la claire </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">rigueur, de la mise en forme, du <em>métron ariston</em> : proportion, beauté, </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">ordre et mesure. Comme nous l’enseignent Horace et Plutarque, le </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">poète a pour mission de rayonner, d’ennoblir l’homme en lui </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">révélant le sens de la cohérence et de la mesure. C’est en cela que </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">l’écriture relève à mes yeux de la fonction sacerdotale : elle a pour </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">rôle de créer de la beauté et d’initier à l’excellence. </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;"><em>Philo-logue</em>, c’est-à-dire amoureux de ma langue, je sais que défendre </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">celle-ci, c’est lutter contre la tyrannie, qui génère toujours une </span><span style="font-family: georgia, palatino, serif; font-size: 18pt;">corruption du langage sur laquelle s’appuyer.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: center;"><img id="media-6505710" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://archaion.hautetfort.com/media/01/00/2220613562.jpg" alt="nv3.jpg" /></p>