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25 février 2014

Avec Sébastien Lapaque

 

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Théorie de la carte postale

 

 « Est-ce qu’on est sérieux quand on écrit des cartes postales ? » s’interroge Sébastien Lapaque. Question purement rhétorique, car, depuis toujours, ce flâneur impénitent rafle, partout où le mènent ses pérégrinations équinoxiales ou germanopratines, des cartes postales par brassées. Ces cartes, du Brésil et du Musée de Cluny, de Pau* et d’Alger, il les adresse à ses amis pour les étonner, les amuser, atténuer leur peine et, en fait, « maintenir et tisser des liens d’humanité solide et vraie dans le monde de la séparation ». On s’en doutait, avec dom Lapaque, la métaphysique n’est jamais loin : griffonner, sur une table de bistrot où tiédit un Vittel-menthe, quelques mots au bic 4 couleurs, « le stylo des épiciers et des collégiens », constitue un acte de haute magie blanche. Vraiment ? Mais oui, estimé lecteur : il s’agit pour l’adepte de transmuer le temps réel des prothèses électroniques en temps différé – celui des saints et des mystiques. Il s’agit pour l’anarque, le rebelle cher à Jünger (et à Bernanos), de se retirer des polémiques subalternes, qui crétinisent et avilissent, pour redevenir l’un de ces Véridiques en qui Nietzsche voyait les aristocrates de la pensée.  Il s’agit de créer une once de beauté  – les mots, les précieux mots, et l’encre qui les trace – dans un monde à l’envahissante laideur. Au  styliste la carte postale impose une langue ferme, lapidaire – classique. Donc suspecte en ces temps de cotonneuse logorrhée. Mieux, Lapaque prend un soin maniaque, non pas – Dieux merci ! –  à collectionner comme le premier écureuil venu, mais à sauver du naufrage des centaines de cartes plus ou moins anciennes, qu’il déniche chez les bouquinistes et dont il truffe ses livres. Lire ces cartes sépia à voix haute, répéter un message rédigé dans la fièvre du 11 novembre 1918 ou à l'aube du 27 juillet 1962, articuler avec soin le prénom d’une marraine, d’un oncle ou d’un fils aujourd’hui défunts ou perclus de rhumatismes, c’est abolir le temps qui dévore tout, c’est sauver des visages de l’oubli. La carte postale comme prélude à la rêverie, comme rituel orphique.

 

Christopher Gérard

 Sébastien Lapaque, Théorie de la carte postale, Actes Sud, 10 sesterces.

 

 * Lapaque salue aussi les Mânes de P.-J. Toulet, qui s’adressa des centaines de cartes postales pour se raconter des histoires.

 

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Concernant cet écrivain, voir mon livre  Journal de lecture,

 

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Et cet entretien:

Qui êtes-vous?

Dans Les Identités remarquables, le héros se rappelle le temps où il aimait «tout ce qu’il peut y avoir de sonore dans une idée» — partant dans une définition de soi. Et son ami Laroque se souvient qu’il épatait les filles en citant Alcméon de Crotone ou Nonnos de Panopolis. À l’orée de son âge d’homme, on aime le bruit, les mots qui claquent, les citations, les références. Comme eux, j’ai dû me sentir tour à tour classique et romantique. Aujourd’hui, je pourrais continuer. Me dire anarchiste chrétien ou catholique baroque. Mais la configuration du monde en tribus par l’économie autonomisée ne me donne pas envie de me bricoler une identité. Je préfère écouter le Paul de l’Epître aux Galates : «Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ.» Et puis, si je savais qui j’étais, je n’écrirais pas de livres.

Quelles ont été pour vous les grandes rencontres?

Né trop tard dans un siècle trop vieux, c’est dans les livres que l’on fait ses rencontres les plus marquantes. J’aimais Balzac, Flaubert, Simenon. Je n’ai pas le souvenir d’avoir reçu l’enseignement décisif d’un professeur, sauf un professeur de physique-chimie (!) qui m’avait donné à lire L'adieu au roi de Pierre Schoendoerffer en classe de seconde. Au lycée Hoche à Versailles, je subissais les cours de vieux marxistes ralliés aux vertus de l’économie de marché et des droits de l’homme. C’était la fin des années 1980, la Bourse, l’argent, l’Empire du Bien, l’impératif catégorique d’Emmanuel Kant, bientôt les bombes incendiaires sur l’Irak… Vous voyez le genre… Pour avoir des bonnes notes, il fallait aimer Brecht et Sartre… Enfant, j’aimais l’aventure : Stevenson, Maurice Leblanc. À quinze ans, je lisais Saint Exupéry et Guy de Larigaudie… J’ai découvert ce qu’était la littérature avec l’œuvre de Bernanos, les essais d’abord, puis les romans. J’avais remarqué La Liberté pour quoi faire ? en librairie, le titre m’avait conquis. À la même époque, j’ai lu Maurras : c’était un bon moyen d’exaspérer les imbéciles. Mais avec Bernanos, j’avais ingurgité l’anticorps avant de prendre le poison. J’ai vite compris que le maurrassisme était un modernisme. Je préférais Pascal, Simone Weil, Jacques Maritain et le François Mauriac des romans et du Bloc Notes… L’humanisme intégral… C’est mon côté catho de gauche… À l’époque, il y avait aussi Orwell… Mes anticorps à la Critique de la raison pratique, c’était la Somme de saint Thomas d’Aquin, que j’ai toujours gardée à portée de main, et l’Ethique à Nicomaque d’Aristote. En 1988, j’avais dix-sept ans lorsque ont paru les Commentaires sur la Société du spectacle de Guy Debord aux éditions Lebovici. J’ai eu la chance d’avoir des amis plus âgés qui m’ont conseillé d’acquérir ce volume à la couverture grise. Quel tremblement… «La construction d’un présent où la mode elle-même, de l’habillement aux chanteurs, s’est immobilisée, qui veut oublier le passé et qui ne donne plus l’impression de croire à un avenir, est obtenue par l’incessant passage circulaire de l’information, revenant à tout instant sur une liste très succincte des mêmes vétilles, annoncées passionnément comme d’importantes nouvelles ; alors que ne passent que rarement, et par brèves saccades, les nouvelles véritablement importantes, sur ce qui change effectivement. Elles concernent toujours la condamnation que ce monde semble avoir prononcée contre son existence, les étapes de son autodestruction programmée.» Je me souviens qu’un de mes voisins, fils de bonne famille qui étudiait à Sciences-Po, m’avait surpris dans un train de banlieue avec ce livre entre les mains… «Qui t’a dit de lire ça ?» … Il avait raison de me parler comme ça. Qui ? Héritage et transmission, «générations d'esprits fécondants et d'esprits fécondés, qui à leur tour fécondent d'autres esprits ; filiation des maîtres et des disciples» (Larbaud) : c’est là toujours toute la question.


De Narcisse à Clytemnestre, les figures de la mythologie sont très présentes dans votre œuvre. Ce que vous nommez «le plus ancien et le plus caché»…

Pardon de faire le cuistre en citant le Proust de Contre Sainte-Beuve, mais ce n’est pas S.L. qui s’exprime dans les Identités remarquables… «Un livre est le produit d'un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices.»… C’est Laroque qui évoque l’importance de la «ce qui est le plus ancien et le plus caché». Dans les Idées heureuses, mon précédent roman, le héros se faisait appeler Philoctète. Lui aussi savait que l’Antiquité, c’est le trésor enterré au fond du jardin auquel on ne revient pas par hasard, mais parce qu’on connaît son prix. Faire retour à Homère, Thucydide ou Platon, convoquer les figures de la mythologie, mettre en scène leur réelle présence, c’est savoir qu’il y a du toujours dans le temps qui passe. Voué à naître orphelin et à mourir célibataire, l’homme du XXIe siècle n’aime pas entendre ce toujours. La survalorisation de sa singularité lui fait écarter le trésor de l’expérience humaine. Tant pis pour lui.


Votre dernier roman, Les Identités remarquables, peut-il se lire comme un memento mori contemporain, une mise en garde ainsi qu'une illustration de cette philosophie tragique que Clément Rosset, que vous avez peut-être lu, avait synthétisée il y a plus de quarante ans?

Clément Rosset est longtemps resté caché dans un angle mort de ma bibliothèque. C’est mon amie Alice Déon, qui dirige les éditions de la Table Ronde, qui a insisté pour que je le lise. Le sentiment tragique de la vie, je l’avais trouvé auparavant chez Pascal, Kierkegaard, Bernanos. Qui saura à quel point leur cœur a saigné ? Ce que j’aime chez Pascal, c’est le sentiment aigu de l’ambiguïté du monde et du caractère inauthentique de la vie quotidienne. Les identités remarquables essaie de traduire ce sentiment en employant des moyens qui appartiennent au seul roman.

Pour revenir à ma première question, qui êtes-vous, puis-je voir en vous un mélange de reître (comme le sous-lieutenant Laroque, le narrateur de votre roman) et de lettré (comme votre singulier héros - mais s'agit-il d'un héros?)?

C’est étrange que vous parliez du «sous-lieutenant» Laroque, je ne me souviens pas de lui avoir donné ce grade. Dans mon idée, bien qu’agrégé de l’Université et boxeur amateur de bon niveau, Laroque a fini son service militaire avec le grade de caporal-chef, incapable d’être passé sous-officier, et a fortiori officier, à cause de son franc-parler. Laroque, c’est un garçon que je vois bien siffloter «le Déserteur» en passant sous les fenêtres de son colonel avec la Médaille miraculeuse cousue au fond de son béret amarante… Mais bon, si vous dites qu’il est sous-lieutenant, c’est que j’ai dû l’écrire quelque part. Sous-lieutenant, c’était le grade Stendhal au sein du 6e régiment de Dragons, l’ancien La Reine Dragons du siècle de Louis XIV. C’est le régiment dans lequel Bernanos s’est engagé en 1914 et dans lequel il a servi pendant presque toute la Première Guerre mondiale. Il a fini avec le grade de brigadier… Mais revenons-en à nos reîtres et à nos lettrés… Laroque n’est pas mon double, le héros non plus. Le personnage que j’aime le mieux, dans mon roman, c’est Caroline, la petite marchande de jouets : simplicité, tendresse, intelligence.

In vino veritas pourrait être l'une de vos devises. Dionysos semble lui aussi omniprésent dans le roman comme dans ce précieux Petit Lapaque des vins de copains, dont le cru 2009 est enfin disponible chez les cavistes ?

Dionysos, c’est le deux fois né, celui qui vient semer le désordre régénérateur au sein de nos vies trop bien peignées. Dans un roman, comme dans la vie, il faut que la folie joue sa partie. Le vin, c’est une extension du domaine de la lutte. L’important est de proposer un art de vivre complet, une vision du monde cohérente pour faire face à la dévastation capitaliste. J’ai présenté ma collection de vins une première fois en 2006, je récidive : avantage aux vins de vignerons, expressifs et naturels, non trafiqués, peu ou pas soufrés, « à boire entre amis, « entre hommes », probablement en grande quantité, pour discuter rugby » comme l’écrit le critique anglais Paul Strang, qui est un peu l’anti Robert Parker, vous l’aurez compris. Ces vins « nouvelle vague » ont pris l’avantage sur les bêtes de concours bodybuildées. Et je crois savoir qu’on en trouve dans de nombreux endroits en Belgique. En épigraphe de la nouvelle édition du Petit Lapaque des vins de copains, j’ai reproduit une réflexion de Joan Sfar qui résume mon propos. «Il me semble que la pensée occidentale, qu’elle soit religieuse ou philosophique, s’est bâtie autour de deux éléments sacrés : le vin et les étoiles. On boit, on regarde le cosmos et on invente la Bible, la pensée dialectique, la géométrie, l’amour du prochain, le Graal, le roman moderne. On ne peut vivre debout que si l’on est perpétuellement tendu entre la terre et le cosmos. Perdre ces deux liens c’est redevenir des singes. Aujourd’hui, on ne voit plus les étoiles à cause des lumières des villes. Voilà qu’on nous propose de tous boire le même vin. On a le droit de dire NON, parfois ?»


«Ce monde (…) borgne et bête, fragile, méchant, infantile, agité, orgueilleux», «ce siècle en miettes» : me permettrez-vous de vous considérer comme appartenant à la noble cohorte des antimodernes?

J’ai lu les Antimodernes d’Antoine Compagnon. Je ne vais pas vous mentir en prétendant que la place avantageuse que vous me réservez sur la photographie de famille aux côtés de Joseph de Maistre, Charles Baudelaire, Léon Bloy, Charles Péguy, Jean Paulhan et Roland Barthes me déplaît. Mais j’en reviens à votre première question : je ne suis pas en recherche d’une tribu. L’écriture est un exercice solitaire, une responsabilité personnelle. Attendez que je sois mort pour savoir dans quelle case me ranger : six pieds sous terre, tout cela n’aura plus beaucoup d’importance. Ce qui ne veut pas dire que je me crois le seul dans mon genre. J’ai des maîtres, j’ai aussi des contemporains. Parmi les écrivains de ma date, j’éprouve un sentiment de fraternité à l’égard de Jérôme Leroy, Jean-Marc Parisis et François Taillandier. Mais nous n’avons pas la prétention de former une école ou un groupe constitué. Vous me direz que nous n’en avons plus la possibilité… N’importe ! Nous vaincrons parce que nous sommes les plus faibles.

Propos recueillis par Christopher Gérard, entre Amazonie et Brabant, équinoxe de septembre 2009.

Écrit par Archaïon dans Lectures | Lien permanent | Tags : littérature, carte postale, lapaque |  Facebook | |  Imprimer |

11 février 2014

Stay behind !

 

littérature belge,littérature

 

Stay behind ! A la fois injonction vitale et code désignant les réseaux dormants de la guerre froide, quand les services occidentaux organisaient une hypothétique résistance antisoviétique. Stay behind est le deuxième roman du Liégeois Frédéric Saenen, spécialiste de Céline et du pamphlet, remarqué avec La Danse de Pluton comme l’un des espoirs des Lettres mosanes. Je savais, pour avoir recueilli ses confidences entre deux Orval tempérés, que Frédéric Saenen s’était plongé dans l’histoire glauque des années 80, quand la Belgique servit - une fois de plus - de laboratoire dans le cadre d’une stratégie de la tension : groupuscules terroristes plus ou moins bidon, abjectes tueries dans les supermarchés, égorgements et pendaisons « érotiques » de témoins gênants, vols d’armes dans des casernes, ballets multicolores… Unités spéciales et polices plus ou moins parallèles s’en donnaient à cœur joie dans le bac à sable gluant qu’était devenu the Land of Confusion, pour citerle groupe Genesis : un vrai film noir dans le genre Romanzo criminale.

Entre son compatriote Georges Simenon et le rude Ian Rankin, Saenen utilise ce fumier pour bâtir l’étrange roman d’un membre du lumpenproletariat wallon embrigadé dans un groupe paramilitaire qui, pour sauver l’Occident, pratique une forme particulière de tir au pistolet en écoutant Michel Sardou. Sur son lit de mort, l’ancien tireur d’élite se confie à son filleul, qu’il a aimé et protégé comme un fils à la suite d’une promesse scellée par le sang versé. Saenen nous introduit dans les bas-fonds de Liège et de sa banlieue, chez les prolétaires frustrés d’une certaine Wallonie, corrompue jusqu’à l’os. Sa prose sans fioriture, minimaliste et même, à certains moments choisis, proche du slam ou du rap, fait parler ce quart-monde en perdition, où se croisent indicateurs et mythomanes, toqués et pauvres types. Surprenant roman, à mille lieues de l’autofiction (né en 1973, Saenen a donc un alibi en béton) ou des bergeries psychologisantes (même si l’amour s’y cache), le brutal Stay behind glace et désarçonne. Saenen ? Élément dangereux. À surveiller avec attention.

Christopher Gérard

Frédéric Saenen, Stay behind, Editions Weirich, 176 pages, 14€

 

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Concernant cet écrivain, voir mon livre Quolibets. Journal de lecture,

 

aux éditions L’Age d’Homme

 

http://www.lagedhomme.com/boutique/fiche_produit.cfm?ref=978-2-8251-4296-7&type=47&code_lg=lg_fr&num=0

 

 

 

 

Frédéric Saenen, La Danse de Pluton, Ed. Weyrich, Neufchâteau 2011, 114 pages.

 

 

 

Qui êtes-vous ? Comment vous définir ?

 

Le périlleux exercice que voilà ! Au regard de la société civile – donc de la sphère qui, intimement, me connaît le moins – je suis un professeur de français langue étrangère qui officie à l’Université de Liège depuis 1997. Pour les cercles littéraires liégeois et de quelques autres localités belges, un énergumène qui, jusqu’à récemment, lisait à intervalles réguliers des textes personnels, relevant d’une oralité qui n’était pas encore du slam et dont on ne savait s’il fallait en rire, en pleurer, s’en scandaliser, s’en méfier ou s’en ficher.

J’espère, pour ma mère, être un fils aimant et pas trop décevant ; pour mes amours, d’une compagnie supportable ; pour mes amis, quelqu’un de totale confiance. Pendant quelques années, j’ai tenu un journal intime que j’avais intitulé Journal d’un inapte, car c’est bien ainsi que je me vois. En effet, je disparaîtrai de la surface de ce monde sans avoir jamais fait aucun effort pour apprendre à conduire une voiture ou nager. Je suis aussi irréductiblement rétif aux formes modernes de la « com’ » : je ne possède pas de téléphone portable ni ne figure sur aucun réseau social. Ce n’est pas de la pose, juste une incompatibilité majeure entre mon être et tout cela. Né en 1973, j’aurai vécu 27 ans au XXe siècle et, voyez-vous, j’ai du mal à me remettre de cet inconfortable enjambement sur deux ères. Je n’aime pas beaucoup voyager (faire des bagages, faire des démarches pour obtenir un passeport, m’habiller en touriste, très peu pour moi), par contre j’adore flâner, c’est pour ainsi dire le seul moment où je me sente parfaitement libre et en totale disponibilité.

Je ne vais pas m’aventurer sur le terrain des « qualités », car je n’ai comme tout le monde que celles de mes défauts. Certains me disent généreux, alors qu’en réalité je ne suis sans doute que dispendieux. Certains me croient indéfectiblement optimiste sous prétexte que j’ai le rire sonore et cascadant...  Enfin, je dirais que je déteste être comptable (de mon temps, de mes faits et gestes). Difficile quand on est un modeste sujet du Règne de la Quantité ! 

 

Les grandes étapes de votre itinéraire intellectuel ? Les grandes lectures ? Céline ?

 

Si j’ai un quelconque « itinéraire intellectuel », il se rattache à mes lectures, que j’ai toujours menées « en dehors » des obligations scolaires ou professionnelles : je n’aurai fait aucune découverte bouleversante parmi ce qu’il me fut imposé de lire. Ma première grande révélation littéraire fut celle de Céline, un auteur à qui je suis venu par… Sartre, qu’adolescent je dévorais et dont la citation de L’Église en exergue de La Nausée avait éveillé ma curiosité. La voix qui s’exprime dans le Voyage… m’est entrée dans l’esprit et j’ai ressenti, bien avant de le lire dans ses interviews ou ses écrits ultérieurs, ce phénomène voulu par Céline lui-même, à savoir que son lecteur ait l’impression que le texte lui est énoncé « de l’intérieur ». Plus encore que la dimension « orale-populaire », c’est l’importance cruciale que Céline accorde à l’intériorité qui m’a fasciné. Une phrase toute simple, d’apparence banale même, et qui figure dans les premières pages de Voyage… m’a marqué à vie : « Tout est permis en dedans ». Cet aphorisme, plutôt ce constat, dépasse à mon sens de loin la pure revendication égoïste ou individualiste. Il m’a persuadé que là se situait la zone d’où tirer le plus de matière première, dans le « dedans ». Le dehors, c’est simulacre, déception ou pire, fade redite de ce que l’on porte déjà en soi.  

Fréquentant très peu la poésie (à part Michaux et Pessoa que j’ai un peu plus pratiqués), je dirais que mes plus grandes expériences de lecture sont d’ordre romanesques : il y a l’immersion dans La Recherche de Proust, dans tout Faulkner, dans les monologues hypnotisant de Thomas Bernhard. J’aime ces figures d’infatigables travailleurs parce qu’ils ont forgé des œuvres totales et d’une grande force de cohésion (malgré les faiblesses du dernier Faulkner, dans le cycle des Snopes par exemple). Ce sont à mes yeux des textes fondateurs, en connexion avec une dimension universelle, manifestant une appréhension aiguë de la perception du temps, et qui procurent une espèce d’extase par la seule magie du langage qui y est déployé. Ces quelques-uns incarnent à eux seuls la Littérature majuscule, pour moi.

En outre, il y a une myriade de stylistes parfaits – comme Aymé, Morand, Bloy, Lorrain, Léon Daudet – ou de « tempéraments » magnifiques – Cossery, Meckert, Montherlant, Darien, Mirbeau – auxquels je reviens sans cesse. Je les cite en vrac, et j’en oublie forcément beaucoup (vu que je ne cite là que des auteurs du domaine français). Parmi les Belges enfin, je citerais en priorité André Baillon, parce qu’il est un des rares écrivains « d’ici » à rendre justement cette voix intérieure à laquelle je suis si sensible. En réalité, l’histoire des lettres belges m’intéresse plus que ses manifestations concrètes. À part quelques chefs d’œuvres comme Thyl Ulenspiegel et La Nouvelle Carthage, j’ai l’impression que la littérature belge nourrit plus ma mémoire que ma sensibilité proprement dite. Je m’en voudrais enfin de ne pas évoquer celui que j’ai vraiment découvert suite à quelques conversations avec l’ami Christian Libens, à savoir Simenon, qui a signé avec Les Complices le roman sur la paranoïa du coupable le plus abouti qui soit, et avec Lettre à ma mère la plus terrible des confessions de fils meurtri.

 

Les grandes rencontres ?

 

J’en retiendrai deux, même s’il serait tentant d’en évoquer des dizaines. La première, c’est celle de Jacques Izoard, qui a été déterminante pour moi dans la reconnaissance de ma « poésie ». J’ai rencontré Jacques en 1996, alors que, fraîchement diplômé, je faisais un bref remplacement dans l’école où il était lui-même professeur de français. Il a accepté de découvrir mes premiers textes, m’a encouragé à lire en public lors des soirées du « Jardin du paradoxe », le Cirque d’Hiver (une pratique de diffusion de la littérature que j’ignorais complètement à l’époque), m’a présenté à d’autres personnes, m’a conseillé de me rendre à l’annuel Marché de la Poésie de Paris et d’y déposer mon manuscrit… Jacques était un homme très complexe, cultivant un sens particulier du secret autant que celui, surdéveloppé chez lui, de l’entregent. Je ne sais pas si je peux me targuer d’avoir été de ses proches, quoi qu’il en soit je n’ai jamais été de ces courtisans ou saprophytes qui gravitaient autour de son imposante personnalité. J’adorais converser avec lui en tête à tête, il avait une culture phénoménale mais qu’il dissimulait modestement sous une image de poète un peu distrait, maladroit. Il adorait « jouer » en société, et là, il valait mieux ne pas être dupe de ses facéties, ou du moins rester prudent, parce que cela pouvait mener très loin. Jacques fut pendant pas moins de quatre décennies le pivot, pour ne pas dire le pilier, de l’activité poétique liégeoise. Sa disparition a laissé un grand vide qui, alors même qu’aujourd’hui les hommages locaux fleurissent, ne sera pas comblé de sitôt. Il me manque. Combien de rues, que j’emprunte quotidiennement à Liège, me le ramènent à la mémoire, pour les avoir sillonnées avec lui, à des heures souvent indues…

La seconde rencontre est celle de Frédéric Dufoing. En voilà un autre d’énergumène, et complexe, et atypique. Nous sommes amis depuis une bonne quinzaine d’années maintenant et je dois dire que l’aventure, si éphémère fût-elle, de la revue de critique Jibrile, que nous avons lancée en 2003 et qui a vécu le temps de six livraisons papier, m’a changé. Je n’aurais pu la mener avec personne d’autre que lui. Frédéric, philosophe de formation, est un érudit bouillonnant doublé d’un pédagogue hors pair. Il m’a ouvert, comme nulle source livresque, à l’histoire des idées et des systèmes politiques, et nous partageons, entre pulsions anarchistes et cabrements un tantinet réacs, maintes vues sur le monde moderne. Nos divergences sur le sujet arrivent tôt ou tard à se rejoindre, par un chemin ou l’autre, et nos positions respectives quant à des considérations d’ordre moral, parfois plus difficilement conciliables, se rapiècent dans un éclat de rire ou un de ces « bah ! » souverain comme lui seul peut en émettre. Il a de surcroît une écrasante culture cinématographique et musicale dans laquelle je puise allègrement pour combler mes lacunes en la matière – car, en dehors de ma culture de papier, j’ai longtemps été, et je reste en grande part, un homme de fort mauvais goût, ayant un penchant prononcé pour la daube commerciale des années 80 et les films d’action hollywoodiens. 

 

Vous avez commencé par publier des recueils de poème. Quels furent vos initiateurs, vos modèles ?

 

Aussi présomptueux que cela puisse paraître, je ne pense pas vraiment en avoir. Au moment où j’ai commencé à gribouiller jusqu’à fort tard le soir des textes hermétiques, censés rendre mes malaises et mes angoisses d’adolescents, je ne lisais que très peu de poésie, mais des livres d’histoire ou, je l’ai dit, des romans. Les centaines de pages (parfois semées de quatre mots, guère davantage) que j’ai sécrétées pendant cinq ans, entre mes seize et mes vingt-et-un ans dirons-nous, je les ai jetées, non pas dans un mouvement de révolte à la Gainsbourg crevant ses toiles, mais bien parce que je me suis brutalement rendu compte que c’était affreusement nul et qu’il fallait tamiser. Les quelques pages qui survécurent à mon auto da fé en chambre et que je retravaillai ont servi de base au recueil qui deviendrait Seul Tenant, publié chez L’Harmattan en 1998.

Ce qui a par contre plus conditionné l’amplification de mon écriture poétique que la découverte d’un auteur, c’est le fait d’être passé de poèmes très serrés, destinés à la publication sur papier, à la pratique de plus en plus fréquente de la lecture en public, surtout vers 2000-2001, lorsque le Big Band de Littératures féroces s’est cristallisé autour d’un autre ami, Christian Duray. Pendant deux ans, j’ai écrit des proses mi-poétiques mi-pamphlétaires que je performais. Ces textes ont été en partie inclus dans le recueil Qui je fuis, publié en 2003 par les éditions de la revue liégeoise Le Fram. Mais beaucoup de ces textes n’ont existé qu’oralement, ou alors dans des revues disparates. J’en ai un recueil inédit complet, Delenda.

 

Vous publiez aujourd’hui un Dictionnaire du pamphlet. Quelle en est la genèse ? Quid de votre méthode ?

 

Comme je vous l’expliquais plus haut, mon écriture personnelle, a très souvent comporté des aspects relevant du pamphlet ou, plus généralement de la polémique. C’est en effet l’amour du style qui m’a poussé à m’intéresser à ce genre, qui peut être souvent très « poétique » et où le style se marie aux passions et aux idées, pour le meilleur comme pour le pire. En fait, je me suis aperçu qu’il existait peu de documents un tant soit peu « synthétique » consacré à ce genre, dont j’étais déjà un lecteur friand et dont je possédais de nombreux exemples dans ma bibliothèque. L’étude de Marc Angenot, publiée au début des années 80, reste incontournable à bien des égards, mais elle aborde, comme son titre l’indique, « la parole pamphlétaire » sous ses virtualités et ses réalisations stylistiques. Je voulais pour ma part réaliser une étude d’histoire littéraire, consacrée aux auteurs qui auraient commis un ou des pamphlets, parce que j’aurais aimé découvrir dans quelles circonstances de leur existence de grandes figures ressentaient soudain l’urgence d’écrire un pamphlet…

J’ai finalement adopté la forme dictionnairique dans un second temps alors que mon idée initiale étant de réaliser un essai sur le pamphlet. Je me suis rendu compte, après quelques mois de travail, qu’une présentation linéaire ne tenait pas la route, tout simplement parce qu’elle allait provoquer des redites très lourdes, forcément ennuyeuses pour le lecteur. Prenons un auteur comme Bernanos, qui a publié d’exemplaires « écrits de combat » avant et après la Seconde Guerre mondiale ; allais-je devoir parler de ses Grands Cimetières sous la lune en relation avec la Guerre d’Espagne, puis revenir à lui au moment de parler de La France contre les robots ? Je crois qu’un dictionnaire met mieux en évidence la dichotomie qui existe entre pamphlétaires « occasionnels » et « vocationnels ». C’est d’ailleurs cette distinction qui m’a aussi empêché d’intituler ce livre « Dictionnaire des pamphlétaires », parce qu’un Zola, un Hugo ne peuvent se réduire à cette dimension exclusive, leur pamphlet étant un domaine supplémentaire d’exercice de leur talent. On s’aperçoit bien, je crois, à la lecture des notices, que ce genre est très étroitement lié au contexte qui le suscite, mais aussi à la personnalité, au tempérament, de l’auteur qui le produit. Voilà pourquoi j’ai tenté d’équilibrer mon approche entre constats généraux (dans l’introduction) et « cas particuliers » (dans les notices)…

 

Quelles conclusions tirez-vous de cet impressionnant travail ? L’heure des grands imprécateurs est-elle (définitivement) passée depuis …? Qui ?

 

Je pense que, effectivement, le pamphlet, s’il n’est pas une genre mort, s’est en tout cas dilué dans le bavardage généralisé. Le point de basculement n’est pas marqué par une personnalité – qui aurait couronné le genre en le portant à un point de non-retour, à un horizon indépassable – mais bien par révolution dans notre rapport à l’écrit et à la communication, depuis l’avènement des téléphones portables et d’Internet. Ces technologies ont en effet ouvert la boîte de Pandore en « libérant » à outrance la parole, ce qui ne peut aller de pair qu’avec une dévalorisation (de son orthographe, de sa syntaxe, de son style, etc.).

Il n’y a plus de grands imprécateurs à la Bloy ou à la Céline, tout simplement parce que les propos d’esprits, si lucides et / ou si tonitruants soient-ils, sont emportés, tsunamisés en quelques heures, au mieux quelques jours, par le flux d’informations continues qui s’abat sur nous. Et puis, dire les choses en outrepassant un certain registre lexical peut considérablement vous nuire, sur le plan juridique s’entend, puis sur le plan social.

Les pamphlétaires ne sont jamais des à-quoi-bonnistes, ils sont animés par une foi rabique qui les porte dans leur croisade de mots. Or l’époque sécrète deux poisons qui contrecarrent un tel baroud : l’indifférence et la culpabilité. Comment ? Les indignations droits-de-l’hommistes, qui font les belles heures des JT, passent de mode en un éclair, ne s’ancrent plus dans les esprits. Ainsi, pendant quinze jours, l’on vous parle des Bouddhistes massacrés par les Chinois, puis on se focalise sur le Darfour pendant la quinzaine suivante, et la chanson de Dutronc passe en musique de fond de tout cela : « J’y pense et puis j’oublie, c’est la vie, c’est la vie… ».

Les médias provoquent ce double effet pervers, qu’ils nous rendent parfaitement indifférents à des causes majeures à force de les ressasser et dans le même temps font naître en nous la mauvaise conscience de ne plus nous en soucier (en général, « s’en soucier » signifie « verser de l’argent sur le compte bancaire qui apparaît en bas de l’écran et faire ainsi preuve d’un formidable élan de générosité »).

L’humanité actuelle a besoin en permanence, pour se distraire d’un quotidien anesthésiant, de scandales, de révélations, de buzz ; pour cela, les dépêches de Yahoo ! suffisent. Alors ingurgiter un livre (trop) bien écrit, avec des mots compliqués ou rares et des phrases à rallonge, et se casser la nénette à décrypter le réel, vous pensez si l’exercice n’a plus guère d’intérêt…

L’information ravage l’esprit critique. L’hyper-information ravage cette forme supérieure d’esprit critique (avec bien sûr ses outrances, ses dérives et ses aberrations) qu’est le pamphlet.

 

Vous vous êtes également lancé dans l’écriture de nouvelles que vous qualifiez curieusement de « taiseuses » ? Quid ?

 

Le recueil, publié en mars 2010 assez confidentiellement par les Editions Le Grognard de Stéphane Beau, s’intitule Motus, titre éponyme d’une des nouvelles. Les personnages en présence ont tous, de près ou de loin, partie liée avec un certain silence, soit imposé cruellement, soit assumé en résistance à l’agression du dehors ou du blabla généralisé. J’ai en effet qualifiées ces proses de « taiseuses », car j’aime ce belgicisme moins ténébreux à mon oreille que le « taciturne » français. En « taiseuses », je vois des incarnations de mes narrations brèves : des petites filles, sagement assises et qui tiennent les lèvres closes sur quelque chose qui les dépasse tant qu’elles ont du mal à l’exprimer.  

 

Vous êtes enfin connu, mais oui, comme un critique littéraire exigeant. Quelle est votre ligne de conduite ?

 

La critique littéraire doit, à mon sens, rester un exercice de style autant que de précision.Pour ma part, je me fais un devoir de servir le texte que j’ai apprécié en abordant toutes ses dimensions (thème(s), narration, style, ton, etc.) et en le citant à bon escient pour en faire percevoir la « voix » unique que j’y ai perçue. Écrire à propos d’un livre me permet de l’intégrer bien plus en profondeur que si je le « bouquinais » pour mon simple agrément. J’essaie aussi, tant que faire se peut, de mettre en évidence le travail des préfaciers, des traducteurs, des éditeurs eux-mêmes. Un livre est un tout, qui vient coïncider, parfois de façon magique, au moment exact de notre vie où il s’agissait de le découvrir. C’est une rencontre dont j’aime à relater les moments les plus croustillants, les plus intenses.   Pour une « descente en flammes », c’est plus complexe. J’accorde beaucoup d’importance à la bonne ou à la mauvaise foi que je crois déceler dans la démarche de l’écrivain, de l’essayiste, du biographe, etc. Rien de plus pénible que les œuvres de convenance ou de complaisance ; ce sont en général les cibles de mes courroux (rares, car le silence est un bien plus efficace agent de la destruction dans un monde où l’adage qui prévaut est « Il vaut mieux en parler en mal que pas du tout. »). Dans ce dernier cas donc, ma ligne de conduite est de lire intégralement le livre, et surtout de n’en rien laisser passer qui pourrait infirmer mes conclusions à son encontre. Je m’efforce de m’attaquer aux défauts du texte in se et pas à son auteur (quoique, parfois, la chose soit fort malaisée à débrouiller). À moins que l’ouvrage soit encensé par la grande presse, je me refuse en général à la gratuité qui consiste à torpiller le livre d’un écrivain débutant ou publié dans une structure éditoriale modeste. Par contre, quel plaisir de ne pas aller dans le sens des unanimités béates et des louanges fallacieuses que l’on trouve en quatrième de couverture, voire sous la plume d’autres éminences critiques !

Dernier détail : un travers que je tente à tout prix d’éviter parce qu’il m’horripile est celui qui consiste à comparer un auteur avec un autre, en général mort, et croire que le parallèle suffit à fonder la critique. Invoquer les mânes d’un grand ancien, comme cela se fait sur les plateaux de télé quand on est soi même à court d’idée, m’apparaît comme la dernière des facilités. S’il n’y a rien à dire d’autre d’un romancier qu’il se situe « entre Bove et Vialatte » ou qu’il évoque « un Kafka japonais », autant tout de suite déclarer forfait, non ? Le degré zéro de l’analyse est atteint.   

 

Vos projets ?

 

L’un, en cours : un essai, toujours chez In Folio, sur les écrivains de la collaboration, et qui sera prêt, si tout va bien, d’ici un an et demi.

L’autre, rêvé : un roman.

 

Propos recueillis par Christopher Gérard

Février MMXI

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05 février 2014

Avec Jean Forton

 

 

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Jean Forton revient, grâce aux éditions Finitude, une maison de Bordeaux, la ville natale de l’écrivain, qui réédite l’ensemble de ses nouvelles en y ajoutant trois inédits. L’ensemble a fière allure et nous rend encore plus proche cet écrivain secret qui, déçu par l’indifférence des critiques parisiens, travailla dans une sorte de clandestinité supérieure durant les seize dernières années de sa trop courte existence (1930-1982). Il est vrai que son chef-d’œuvre, L’Epingle du jeu, rata de peu le Goncourt. On a le cœur serré, de songer qu’un tel artiste s’est contenté d’être libraire de quartier et d’écrire « pour le tiroir » comme disaient les dissidents de l’ère soviétique.

L’art difficile de la nouvelle, Jean Forton le pratiqua avec maestria : le rythme, la chute, l’impitoyable précision du vocabulaire, l’élégance sans tricherie de la phrase… Un maître.

Les constantes ? Une vision lucide, jusqu’à la cruauté, de l’existence et de ses bassesses. Un sens du comique et même du loufoque, allié à un talent infernal pour rendre, en quelques mots, l’émotion qui bouleverse, comme dans cette nouvelle, l’une de mes préférées, où un vieil homme fait les cent pas pendant que sa femme passe sur le billard. Drôle, iconoclaste et corrosif (dans Le Vieux Monsieur), parfois même légèrement pervers (juste ce qu’il faut - mais les critiques des années 50 ont dû renâcler devant cette impériale liberté de ton et de pensée), sans illusion aucune (par exemple sur l’enfance et ses bassesses) et malicieux, Jean Forton captive son lecteur, pour qui il fait revivre une France provinciale d’avant la modernité.

 

 

Christopher Gérard

 

Jean Forton, Toutes les nouvelles, Finitude, 272 pages, 21€

 

 

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En publiant La vraie vie est ailleurs, Le Dilettante rend une fois encore justice à l’un des clandestins capitaux de nos lettres, le Bordelais Jean Forton (1930-1982), qui, s’il ne rencontra jamais un succès de foule, fut très tôt remarqué par les plus grands, de Mauriac à Cocteau. Tous croyaient bien connue l’œuvre de Forton, jusqu’à la récente découverte de cet inédit, qui est tout sauf un fond de tiroir. Bordeaux à la fin des années 50, sa bourgeoisie pleine de morgue, les quais de la Garonne et les bars louches, les docks et les sirènes, de mystérieux attentats… Au milieu, Augustin, un lycéen peu dégourdi qui, entre deux versions latines, perd son innocence en compagnie de son « mauvais ange », Juredieu, son camarade de classe et son premier ami. Servi par un style cristallin et par une verve d’excellent aloi (« je n’ai plus un liard, triste trogne ! »), Jean Forton s’y révèle un observateur aussi lucide que narquois des méandres de l’âme humaine. Ce beau roman d’apprentissage met en scène l’initiation parfois crapuleuse d’Augustin : amourettes émouvantes ou sordides, premières cuites, micmacs plus ou moins burlesques. Un fils aimant se sépare de parents quelque peu lunatiques, les déçoit peut-être et découvre le dessous des cartes. Une jeunesse de naguère fait l’expérience du tragique. Un jeune garçon, pris d’une ivresse libératrice, se révolte contre l’encroûtement provincial. Drôle et sombre, cruel aussi, Forton excelle dans la peinture - sous une brume grise - du pur et de l’impur.

 

Christopher Gérard

 

Jean Forton, La vraie vie est ailleurs, Le Dilettante, 318 p., 17€

 

                                   Voir aussi sur cet auteur

 

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03 février 2014

Quolibets

 

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"Pétillant,  plein de sagesse, Quolibets est un ouvrage important pour tout esprit ouvert et réfractaire aux snobismes et engouements du jour."

Fabrice Trochet

*

 

"C'est élégant, généreux, divers (...) un bouquet divers,  nuancé, un peu décliniste - assorti de quelques principes intangibles, une certaine tenue, une cambrure de la phrase qui disent le lecteur et dénoncent l'amoureux des livres."

François Kasbi, Service littéraire

*

Au micro d'Edmond Morrel:

 

http://www.espace-livres.be/Les-Quolibets-de-Christopher

*

Superbe chronique par le Chouan des villes:

http://lechouandesvilles.over-blog.com/article-avis-aux-amateurs-quolibets-christopher-gerard-118608225.html

*

"Une jolie promenade littéraire dans un jardin peuplé d'espèces rares dont l'auteur sait extraire les parfums inconnus". Alain Lefebvre, Juliette et Victor

 *

"Christopher Gérard est de mise anglaise, en trois-pièces sur mesure. Dandy païen, sectateur de l’empereur Julien ou d’Hypatie, il pratique aussi l’espionnage et la vampirologie. Et contrebandier des lettres, il fait commerce, sans souci des décrets du jour, d’exhumations précieuses." Arnaud Bordes

http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=1&srid=123&ida=15696

 *

"Sous le signe de l'indépendance, du non-conformisme et du culte du style" Francine Ghysen, Le Carnet et les Instants

http://www.youblisher.com/p/629608-CI-177/

*

On n’y vend pas ici sa plume au plus offrant; on la troque volontiers pour une belle rapière d’encre afin de faire face à l’ignominie présente. Christopher Gérard est bien un franc-tireur des belles lettres."

Georges Feltrin-Tracol, sur  http://www.europemaxima.com/?p=3136

*

 L'article de Jacques Franck, dans La Libre Belgique :

http://www.lalibre.be/culture/livres/article/817988/ils-resistent-a-la-desesperance.html

*

"Christopher Gérard a construit une arche de Noé recueillant ce qui peut encore être sauvé d'un désastre annoncé par Ernst Jünger dans son dernier entretien."

Alfred Eibel, Le Spectacle du Monde

*

"Christopher Gérard ne nous aide pas seulement à mieux aimer la littérature, il nous aide à aimer les pensées justes. Le beau, le vrai, le juste. Le juste c’est ce qui est ajusté au vrai. Mieux qu’un trafiquant d’insolence, notre critique est un passeur de vérités. "

Pierre Le Vigan, Métamag

http://www.metamag.fr/metamag-1344-Les-quolibets-d%E2%80%99un-ecrivain-pa%C3%AFen-Un-journal-de-lectures.html

*

"Christopher Gérard a fait preuve d'un goût très sûr manifesté sur un ton bellement anticonformiste, résolument à contre-courant de la bien-pensance actuelle."

Bernard Delcord, Marianne

*

"C'est en libertin refusant de sacrifier aux idoles de ce temps que Christopher Gérard suit son bon plaisir, humeur vagabonde en bandoulière. L'écrivain esquisse ainsi les portraits de "confrères" admirés et aimés, morts ou vivants, mais tous aristocrates dans l'âme."

Rémi Soulié, Le Figaro magazine

*

"Romancier et critique, ce moderne païen partage avec Pol Vandromme « un amour exclusif de la littérature allié à un souverain mépris des modes », ainsi qu’un dédain ironique pour le pédantisme stérile des théories et l’intrusion de la morale dans les jugements esthétiques. "

Bruno de Cessole, Valeurs actuelles

http://www.valeursactuelles.com/christopher-g%C3%A9rard-l%E2%80%99%C3%A9cart-triste-festin20130506.html

*

"Christopher Gérard est un écrivain usant de phrases limpides et de mots qui font mouche, maniant l’ironie élégante sans rien renier d’un romantisme de bon aloi, n’ayant pas le paganisme théâtral et bruyant, mais fondant au contraire sur de solides convictions païennes, un art d’écrire et de lire qui ne succombe jamais à la lâcheté des modes, manière courageuse de rester égaré quand tant d’autres ont trouvé leur file d’attente, leur case, leur comptoir, dont ils ne bougeront plus, enfin réconfortés. "

Ludovic Maubreuil, Cinématique

http://cinematique.blogspirit.com/archive/2013/05/13/contre-les-naufrageurs.html

*

"Ce livre est aussi et avant tout un tempérament. Il incarne un certain esprit de résistance, de dissidence. L’anticonformisme y est romanesque et opiniâtre. Le sentiment de l’honneur et l’impérieux besoin de liberté infusent ces pages et révèlent ce chant continu du refus de la médiocrité et de la décadence. Quolibets défend l’idéal annoncé par Dominique de Roux : « reformer et réformer l’ordre des nobles voyageurs. » Ce que Christopher Gérard propose, c’est cette « société secrète des âmes fortes » prescrite par Jean-René Huguenin."

Alexandre Le Dinh, De Nécessité vertu

http://www.denecessitevertu.fr/2013/05/13/quolibets-christopher-gerard/

*

"Christopher Gerard distille ses portraits d’écrivains en érudit passionné à la plume alerte et élégante. Homme de constance (d’obsessions, diraient certains), notre lecteur-auteur prêche mordicus une Weltanschauung aristocratique, fondée sur l’honneur, une pleine conscience du tragique de la vie et de la circularité du temps, par-delà les saisons. "

Daoud Boughezala, Causeur:

http://www.causeur.fr/christopher-gerard-quolibets,22378#

*

"On croisera dans ces pages des auteurs encore bel et bien vivants, et d’autres disparus – donc rendus à l’immortalité. Ils s’appellent Michel Déon, Pol Vandromme, Gabriel Matzneff, Paul Morand, Jean Clair, Roland Cailleux, Alain de Benoist, Guy Dupré, Jean Forton. Christopher Gérard ne les croque pas, non, il les hume, les cerne, les savoure enfin, à petites bouchées gourmandes. Bref, il va à leur rencontre comme peu de critiques contemporains ont l’audace de le faire, et nous donne en partage ses plus lumineux côtoiements. "

Frédéric Saenen, Le Salon littéraire avec un entretien avec l'auteur :

 

http://salon-litteraire.com/fr/christopher-gerard/content/1832308-christopher-gerard-le-fidele-irregulier

 

 

 

"Christopher Gérard nous offre ici un guide roboratif pour les amateurs de contre-courant, pour qui répugne à penser dans les cordes, pour les curieux qu'obsèdent les frontières... en bref, pour les esprits libres."

Dixit le confrère Jacques Tallote

 

 

 *

**

 

 

Quolibets suscite ces courriers de Michel Déon et de Jean Raspail


 

« Votre livre est une somme. Ce que l’Université et la politique ont voulu effacer avec une hargne incompréhensible reprend sa place dans votre brillant essai où j’ai pris un rare plaisir à retrouver nos amis dans leur pureté et leur courage. »

Michel Déon 

« Mais ce que je voulais vous dire, c’est ma surprise et mon admiration totales devant tous ces textes magnifiquement vrais, écrits avec une grande générosité, une immense culture littéraire, et une fraternité de haut vol… C’est un livre fondamental. »

Jean Raspail

 

***

 

 

 

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30 janvier 2014

Vogelsang ou la mélancolie du vampire

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Prix Indications du meilleur roman 2012.

 

"Un récit d’une tristesse superbe et d’une nostalgie infinie, en parfaite adéquation avec une écriture fine et racée sur fond de chronique douce-amère d’une élite face à son déclin inexorable."

 Superbe papier du cher Pierric Guittaut :

http://pierric-guittaut.blogspot.fr/2015/09/vogelsang-la-melancolie-du-vampire.html

*

 

« Une rare intensité. (...) l'ouvrage conjugue la force et l'originalité de l'argument avec une langue aux inflexions magiques. » 

David Mata, Eléments

 

*

 

« Laszlo Vogelsang, vampire mélomane raffiné, sévit à Bruxelles. Il se parfume chez Caron, lit Platon et Kleist, admire Mario Praz le vertigineux érudit dont personne n'ose prononcer le nom à Rome, pleure en écoutant Alfred Deller chanter Purcell, Laszlo, esthète délicat et solitaire avec qui on partagerait volontiers une coupe de sang non frelaté en écoutant Scarlatti ou Dowland! »

Gérard Oberlé, Lire, juillet 2012.

 

*

 

Belle et sensible recension sur le site de l'Association des Ecrivains Belges, sous la plume de J. Bodson:

http://www.ecrivainsbelges.be/index.php?option=com_conten...

 

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« On est plus proche des écrits de Jean Ray ou de Leo Perutz que de la sage T***... On ne s'en plaindra pas: l'auteur d'Aux Armes de Bruxelles n'écrit pas pour les adolescents attardés (...) Il nous offre un grand roman, (...) occulte et inquiétant.»

Bruno Favrit.

 

*

 

« Ce que Christopher Gérard raconte, avec un raffinement très XIXème voire XVIIIème siècle, quelques clins d'oeil amusés et une plongée passionnante dans le terrain de chasse inhabituel qu'est la Bruxelles nocturne, c'est le pesant et profond sentiment de mélancolie qui envahit petit à petit Vogelsang ».

Jean-Claude Vantroyen, Le Soir du 15 juin 2012

http://archives.lesoir.be/la-musique-nostalgique-du-saign...

 

*

 

« Raffiné élégant, le vampire de Christopher Gérard, le docteur Laszlo Vogelsang, spécialiste en hématologie comme il se doit, est une créature d'Ancien Régime qui a les manières du prince de Ligne. (...) Entre E.T.A. Hoffmann, Baudelaire et sir Arthur Conan Doyle »

François Bousquet, Le Spectacle du Monde, juin 2012.

http://www.lespectacledumonde.fr/index.php?option=com_con...

 

*

 

«Laissant courir à sa guise une imagination subversive, Christopher Gérard poursuit avec ironie et élégance un récit ludique qui se déploie dans un décor étonnant (…) Ce roman fort réussi qui commence par un divertissement brillant se termine comme un roman initiatique, dans la tradition romantique du héros ténébreux à la recherche de lui-même». 

Anne Richter, Le Carnet et les Instants, juin 2012

 

 *

 

 Une lettre de Michel Déon à propos de  Vogelsang: « votre machination d'un fantôme tourne le dos à ce que je sais de vous. Bravement, vous n'hésitez pas à traiter un sujet légendaire au risque de vous brûler. Personnellement, je trouve cela très bien et construit avec rigueur (on ne peine pas une seconde à le lire), et avec un sens de l'horreur qui, d'ailleurs, réflexion faite, a toujours été là dans vos livres, mais bien tenu en bride. Là, franchement, j'ai eu... peur.»

Le 5 juin 2012

 

 *

 

L’intrigue est élégante, qui commence in medias res, où présent et passé s’instruisent, où d’habiles silences du récit ajoutent à l’étrangeté. Loin des Carpates et du gothique, Vogelsang ou la mélancolie du vampire renouvelle le genre avec style et pertinence. »

Mon confrère et néanmoins ami Arnaud Bordes, grand amateur de littérature fin de siècle:

 

http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=1&sr...

 

*

 

Belle et pertinente critique du roman sur le site non conformiste Causeur sous la plume d'un jeune talent de l'équipe, Daoud Boughezala:

 

http://www.causeur.fr/vogelsang-un-vampire-humain-trop-hu...

 

*

 

« Conte de l'intime sang pour sang inspiré, une écriture belle et exigeante, raffinement et élégance, une qualité de style incomparable qui fait de l'auteur un écrivain à part entière, contre-courant plaisant - phrases antiques pour une modernité désenchantée -, empreint d'ironie, le tout saupoudré de références, de non dits presque dits et de jolies allusions, la sauce gérardaise prend, menant à la réflexion; l'on se met à aimer Laszlo, sa mélancolie semblable aux variations Goldberg, sa sensibilité et sa sourde inquiétude, son malaise grandissant et sa détresse lancinante: "Pour Laszlo, le piano l'aidait à voguer sur les flots du temps qui tout dévore. Et Scarlatti embellissait ses rêves de touches allègres, graves cependant car le compositeur feint la légèreté pour mieux résister à la douleur de l'exil. »

 

 

Thierry-Marie Delaunois sur

http://www.thierry-mariedelaunois.com/pages/accueil/lectu...

 

 *

 « Les grandes villes du monde ont "leur" écrivain. Dublin, New-York, Berlin, Le Caire pour ne citer qu’elles. La capitale de l’Europe a longtemps été boudée par les romanciers qui préfèrent situer outre-Quiévrain leurs inventions romanesques.De livre en livre Christopher Gérard est peut-être en train de devenir l’écrivain de Bruxelles, avec un "E" majuscule. »

 

Bel entretien radiophonique avec Edmond Morel ce 16 mai 2012:

 

http://www.demandezleprogramme.be/Ecoutez-Christopher-Ger...

 

 *

 

« Monsieur Gérard a la plume alerte. Son vampire a la classe de Christopher Lee et l'appétit de Tom Cruise. Nuit canine, nuit de Chine ! »

Service littéraire, mai 2012

*

 

« Jouant avec une habilité consommée, Christopher Gérard multiplie les références, les sous-entendus, les allusions perfides et perverses. Les fastes d’enfer et un brin de bouffonnerie font de ce roman un régal. »

Alfred Eibel, Valeurs actuelles, 10 mai 2012.

 

*

 

"Ce conte entre cannibalisme et dandysme ne transpose pas seulement le mythe du vampire dans les rues de Bruxelles, il le recrée par l’imagination rocambolesque du romancier comme par son regard sur le monde actuel : la fin d’une époque, la nostalgie d’une culture qui s’enfonce dans l’oubli comme fondent les glaces de l’Arctique, le goût des mythes dans lesquels les hommes se sont projetés de la forêt celtique aux rives du Gange. Cela se lit, me semble-t-il, comme en filigrane de ce récit pas triste pour autant, marbré d’ironie, tramé d’inventions narquoises et de sourires en coin. Et pourtant, si la mélancolie du vampire était aussi celle de Christopher Gérard ? "

Jacques Franck, La Libre Belgique, 7 mai 2012:

 

http://www.lalibre.be/culture/livres/article/736442/un-va...

 

et entretien avec l'auteur sur:

 

http://www.vampirisme.com/interview/gerard-interview-voge...

 

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 Le roman a été évoqué dans l'émission de J.-P. Hautier, "Bonjour quand même" le mardi 8 mai à 9h

http://www.rtbf.be/radio/player/lapremiere/podcasts?c=LP-...

 

Il fait aussi l'objet d'une chronique dans l'émission 50 degrés nord diffusée le jeudi 10 mai à 19h sur ARTE Belgique, et qui peut être écoutée ici: http://www.rtbf.be/video/v_50-degres-nord?id=1728543&... 

 

*

 

 « Vogelsang ou la mélancolie du vampire se lit à cette allure dont on découvre les textes inattendus : celle de la délectation empressée. (…) Sans jamais sombrer dans le roman de genre, Christopher Gérard revisite avec panache la veine fantastique en lui prêtant une dimension authentiquement décalée. (…) A l’aurore d’un nouveau millénaire, Christopher Gérard persiste à manier la plume fin-de-siècle – une audace où il excelle. »

Frédéric Saenen, Le Magazine des Livres, avril 2012

 

Pour lire l'article complet: http://www.lagedhomme.com/boutique/fiche_produit.cfm?ref=...

 

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**

 

 

Mon vampire à moi est mélomane, musicien et quelque peu dandy. Il vit et tue à Bruxelles dans le souvenir du Paris de Louis-Philippe, du Moscou d'avant la Révolution, du Vermont des années 60. Le regard détaché - avant tout celui d’un prédateur - qu'il jette sur l'homme moderne comme sur notre époque se révèle singulier. Sa rencontre avec une humaine, Penthésilée, lui fera découvrir les affres de l’amour et scellera leur destin.

Vogelsang peut se lire comme un conte philosophique sur l'amour, la mémoire et la mort. J’y vois aussi une tragédie d'où l'humour noir n'est pas absent.  Le mythe du vampire s’y trouve subverti, traité sur un mode parfois satirique afin de susciter une réflexion sur la fuite du temps, l'évolution de l'humanité, les pouvoirs cathartiques de la musique (chaque chapitre se termine par un intermède musical symbolique où apparaissent e. a. Richter, Gould et Lipatti).

La psychologie de mon prédateur - complexe et fascinante - renouvelle  l'image du vampire tout en conservant des archétypes du récit vampirique, avec des clins d'œil cinématographique (de Nosferatu à Morse) et littéraires (de Stoker à Rice) qui combleront les amateurs. 

 

 

 Pour commander :

 

https://www.lagedhomme.com/ouvrages/christopher+gerard/vogelsang+ou+la+melancolie+du+vampire/3817

 

 

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