20 février 2018
Aux Armes de Bruxelles
Une heure d'entretien à bâtons rompus avec Jacques De Decker,
Secrétaire perpétuel de l'Académie royale :
https://www.dailymotion.com/video/x6dqf62
Il existe une autre Bruxelles, celle que Christopher Gérard, amoureux de nos racines grecques et romaines, passionné par l'histoire de sa ville, attentif au destin de notre poudreuse Europe, nous raconte avec une érudition qui n'est jamais pesante car toujours soutenue par l'humour; par cette nécessaire insolence qui est la marque des esprits libres.
Gabriel Matzneff, Le Point
Un cicérone esthète, érudit et gourmand.
Michel Mourlet, La Nouvelle revue universelle
Une écriture merveilleusement ciselée, un humour discret, une solitude un peu tragique et une gourmandise assumée (...) l'un des plus beaux livres de flâneur jamais écrits.
Olivier Maulin, Valeurs actuelles
Qu’y-a-t-il de plus rasoir qu’un guide touristique ?… Eh bien, d’un difficile exercice de visite guidée Christopher Gérard a su faire un conte enchanteur.
Thierry Marignac, Antifixion
Un amoureux fou de Bruxelles nous livre avec entrain ses flâneries urbaines d'une qualité rare. L'écriture s'avère sensuelle, fluide, aisée.
Marc Danval, Brussels Magazine
Et le lecteur de mettre ses pas dans les leurs, pour une promenade légère, érudite, sapide, un brin sélect aussi, car les bas-fonds aussi y sont choisis avec soin. Une de ces pérégrinations en camarades comme on en ferait mille autres, mais qui demeure gravée, unique, dans la mémoire du cœur.
Frédéric Saenen, Le Carnet et les instants
https://le-carnet-et-les-instants.net/2017/08/31/gerard-aux-armes-de-bruxelles/
Le livre d’un civilisé.
Vladimir Dimitrijević
Rarement ville aura été autant choyée dans une prose aussi chaleureuse, aussi vibrante, jadis et aujourd'hui confondus, avec érudition, noblesse et simplicité. Nous savons en refermant ce livre que le Belge refuse de marcher en file indienne.
Alfred Eibel, La Revue littéraire
Une délicieuse flânerie dans un haut lieu de la civilisation du Saint-Empire, sous la conduite d’un guide qui sait à la fois voir, décrypter et écrire.
Bruno de Cessole, Valeurs actuelles
Un insaisissable flâneur, tantôt aristo-mondain, tantôt populo-voyou.
Frédéric Saenen, Parutions.com
Christopher Gérard, infatigable piéton de Bruxelles, infatigable lecteur, infatigable fouineur, excentrique rêveur.
Jacques Franck, La Libre Belgique
Léger, vif, jubilatoire, euphorique, espiègle. C’est le ton d’un mousquetaire septentrional qui connaît tous les secrets de sa capitale et nous les fait partager. (…) Christopher Gérard est délicieusement gourmand, il sait préparer les plats tout autant que les livres. Sous sa main experte, l’initiation à sa ville devient comme une dégustation à livre ouvert. Les arts de la plume et de la table y voisinent. Alexandre Dumas et Brillat-Savarin réunis.
François-Laurent Balssa, Le Choc du mois
Aux Armes de Bruxelles renvoie des parfums de librairie ancienne, de salon de thé et de fine restauration. Le tout est patiemment élaboré, du bout de la plume, par un mousquetaire intrépide.
Alain Bertrand, Les Amis de l’Ardenne
Un quadrillage alerte et précis, peuplé de fantômes illustres.
Claire Devarrieux, Libération
Aux Armes de Bruxelles serait dès lors l’ouvrage d’un collectionneur d’antiques qui aurait trempé sa fibule dans l’encre du souvenir. Une petite douceur qui envoûte par un effet de sortilège tout ghelderodien.
Rony Demaeseneer, Le Carnet et les instants
Vous avez l'imagination nervalienne et rien n'est plus rare aujourd'hui.
Philippe Barthelet
Ainsi, grâce à votre texte à la foix charmeur et savant, je finirai par me souvenir de ce que j'ai manqué - oui, tout cela est exquis et douloureux."
Guy Vaes
Il faut savoir flâner, s'attarder, savoir perdre un peu de temps, et vous le faites de façon raffinée.
Ghislain de Diesbach
Lien vers l'éditeur : http://www.pgderoux.fr/fr/Livres-Parus/Aux-armes-de-Bruxelles/249.htm
et page FB de ce livre :
https://fr-fr.facebook.com/Aux-Armes-de-Bruxelles-188935114508115/
Écrit par Archaïon dans Opera omnia | Lien permanent | Tags : bruxelles, littérature belge | Facebook | |
Imprimer |
27 novembre 2017
Le Songe d'Empédocle
Un lecteur m'écrit à propos du Songe d'Empédocle : "Il y a dans ses lignes, je ne sais pas où précisément, quelque chose de magique, quelque chose qui détend, qui apporte la sérénité et qui délivre de l’angoisse. Il y a la force d’une foi qui invite à regarder les arbres différemment, à ne plus les voir seulement comme un marqueur philosophique, culturelle ou politique, mais comme le Monde en lui-même...".
*
**
Par Frédéric Saenen, poète, critique et romancier :
http://le-carnet-et-les-instants.net/2015/03/03/491/
*
Vu par Thierry Marignac, écrivain, boxeur :
http://antifixion.blogspot.be/
*
Vu par Loïc di Stefano, du Salon littéraire
http://salon-litteraire.com/fr/christopher-gerard/review/...
Commenté par l'auteur ici :
http://fr.novopress.info/184051/les-grands-entretiens-nov...
*
Prolixe, au micro d'Edmond Morrel :
http://www.espace-livres.be/Le-songe-d-Empedocle-de?rtr=y
Par un hoplite de l'Institut Iliade :
http://institut-iliade.com/le-songe-dempedocle/
Vu par le confrère Bruno Favrit
http://argonautedelideal.blogspot.fr/2015/04/le-songe-dem...
Vu par le, président de l'Association des écrivains Belges :
http://www.ecrivainsbelges.be/index.php?option=com_conten...
Par Francis Richard, l'un des plus importants critiques d'Helvétie :
http://www.francisrichard.net/2015/03/le-songe-d-empedocl...
*
Pour commander :
http://www.lagedhomme.com/boutique/fiche_produit.cfm?ref=...
ou
L'Age d'Homme,Paris,tél: 01 55 42 79 79
*
"Christopher Gérard pense à contre-courant du siècle et écrit à contre-mode de la platitude littéraire d'aujourd'hui. C'est un auteur hors norme, qui fait craquer l'univers confiné du parisianisme, qui largue les amarres, gonfle les voiles pour le départ du voyage de l'apothéose romantique. Une singularité éclatante inspire et soutient sa nostalgie cosmique (…) Aucun des travers de l'académisme ornemental et sous surveillance des augures; mais le libre mouvement du romanesque magique qui, dans une langue naturelle et limpide, rappelle les réussites majeures d'André Fraigneau" Pol Vandromme, Dernières Nouvelles d'Alsace
"Sa quête est toute de noblesse et de dépouillement." Jacques Franck, La Libre Belgique
"Un roman très érudit, d'une belle écriture, riche en images frappantes ou charmeuses." Jacques Crickillon, Lectures
"Voilà un roman qu'eût aimé Abellio, un "roman du huitième jour"." P.-L. Moudenc, Livres propos.
"De ce livre qui concilie la haute culture et une réjouissante alacrité, de ce roman pétulant qui est une somme, dire que c'est un pur joyau ne serait pas faux. Ce serait banal, insuffisant." David Mata, Eléments
"Voici quelques années, en lisant la relation biographique de son Parcours païen, nous avions pressenti que nous avions davantage affaire à un véritable écrivain qu'à un spécialiste de la mythographie. Avec ce songe d'Empédocle Christopher Gérard confirme son appartenance inspirée à l'ordre intemporel des adeptes de l'orbe littéraire. (…) Dans ces temps de reconnaissance et de regroupement qui sont les nôtres, Le Songe d'Empédocle a déjà stature et statut de signe. Des Dieux." André Murcie, Chroniques de pourpre
"Un jeune et talentueux auteur belge, Christopher Gérard, dans un roman aussi passionnant que savant, Le Songe d'Empédocle, entraîne ses lecteurs sur les traces d'une société initiatique imaginaire, la "Phratrie des Hellènes". (…) Relier, comme il arrive à le faire brillamment, au-delà de l'espace et du temps, les cultures grecques, étrusques, iraniennes, celtiques et indiennes est une salutaire bousculade de nos habitudes culturelles. Sa description de cette société initiatique idéale témoigne d'une remarquable connaissance, vécue ou non, d'une telle démarche." Francis Baudoux, La Franc-maçonnerie: une psychothérapie de groupe pour gens dits "normaux"?
"Alors que le sinistre nocher, Charron pour ne pas le nommer, convoie les vivants au royaume des morts, Christopher Gérard procède d'une autre logique, exhumant des ténèbres infernales tout un peuple de dieux et de héros pour les rendre au rivage verdoyant de la vie. Le Songe d'Empédocle s'inscrit dans cette veine secrète et surnaturelle de la littérature française, celle qui s'enfonce au plus loin dans le cœur élémental et ardent de notre présence au monde et renoue ainsi avec les matrices ouraniennes de la haine et du désir entremêlés." Adrienne Bonnel, Situation critique
"J'aime votre livre. Pour son titre d'abord, qui ouvre à la pensée le troisième espace comme dirait René Char, pour sa méthode ensuite, et le parti que vous avez pris de faire assister le lecteur à une errance, à un voyage initiatique. (…) Brocéliance, Merlin, Dada, l'Ordre teutonique… Oui, voilà le vrai savoir. Grâce à vous, l'eau parlante ne s'est point tarie…" Yves Battistini
"Ton merveilleux livre, qui ne s'adresse qu'à des hommes - et des femmes - capables de faire leur "révolution intérieure" ou l'ayant déjà faite (…) Toi aussi, tu nous enseignes la ferveur." Jean Mabire
Écrit par Archaïon dans Mythes et Dieux, Opera omnia | Lien permanent | Tags : littérature, roman | Facebook | |
Imprimer |
11 octobre 2017
Christophorus Gerard (latinus)
Christophorus Gerard, natus anno MCMLXII e.v. Novi Eboraci, est scriptor natione Belga et etiam theologus et promotor religionis Iovialis. Primum sese dedit studio linguarum antiquarum latinae graecaeque in Universitate studiorum Bruxellensi. Fuit conditor commentariorum Antaios : cupiens diem anniversarium millesimum secentesimum quo Imperator Romanus Theodosius Magnus cultum Religionemque Iovialem die 8° mensis novembris CCCXCII e.v. abolevisset celebrare atque priscum cultum deorum denuo promovere et propagare condidit commentarios litterarios quibus titulus Antaios (MCMXCIII – MMI). In hoc periodico praecipue de deis tam Europaeis quam Indicis tractabat, inter quos Mithras, deus invictus, praecipue honorabatur. In suis scriptis conatur veterem religionem Europaeam et theologiam Iovialem promovere. Sed non solum de rebus theologicis tractat etiam nonnullas fabellas Milesias in lucem prodiit.
Opera :
Edidit libros apud domum editoriam "Aetas Hominis" (Lausannae) atque "Petrus-Wilhelmus de Rufus" (Parisiis):
Somnium Empedoclis (pretio E. Martin honoratus)
Maugis
Porta Ludoviciana
Vogelsang vampyrus (pretio Indicationes honoratus)
Osbertus
Translatio et commentarii libri Imperatoris Iuliani cui titulus "Contra Galilaeos", Bruxellis, MCMXCV.
Via Iovialis, tractatus.
Fons perennis, tractatus
Quodlibet, tractatus
deinde
Ad scutum Bruxellarum, brevis fabella Milesia, Pretio Acad. Belg. honorata.
Écrit par Archaïon dans Opera omnia | Lien permanent | Facebook | |
Imprimer |
23 juin 2016
Du foulard comme signe extérieur de croyance
Voici un extrait de mon roman, Porte Louise, dans lequel mon héroïne, Louise, débat avec une amie de la présence grandissante dans nos villes du foulard islamique.
« Je profite de l'euphorie pour raconter à Hélène mes retrouvailles avec la ville et lui fais part de ma surprise devant le nombre de mahométanes en foulard.
- Oui, rétorque Hélène, cela donne à la ville un aspect exotique…
- Excuse-moi, tu vas me trouver périphérique, mais j'y vois plutôt une crispation que l'expression d'une coutume, par ailleurs interdite dans la plupart de ces pays.
- Oh, tu sais, Louise, ces femmes veulent sans doute marquer leur différence. Regarde toutes ces filles qui exhibent leur lingerie, n'est-ce pas aussi critiquable? Pourtant cela ne scandalise personne, surtout pas les hommes, de réduire ainsi la femme à un objet de concupiscence. Comme si nous étions condamnées à exciter les mâles. Et puis, un foulard met le regard en évidence, non?
- Non. C'est un signe de soumission. L'acceptation d'une pitoyable vision de la femme, qui pour ne pas tenter le mâle devrait se couvrir. Impensable pour une Celte!
- Ne monte pas sur tes grands chevaux, Louise! Il faut être tolérant. S'enrichir de nos différences …
- Tout à fait d'accord avec toi pour trouver répugnante cette manie d'exposer strings, piercings et tatouages. Je vois cela comme une agression, subtile si j'ose dire, mais bien réelle. La femme et l'homme, réduits à de la viande qu'il faut marquer, mutiler, étiqueter comme dans une boucherie.
- Ah tu vois…
- Mais de là à considérer une femme comme vertueuse parce qu'elle se flanque un morceau de tissu sur les cheveux! Et toutes celles qui laissent leur chevelure libre tout en étant habillée avec décence? Sont-elles moins dignes de respect?
- Tu as raison, mais…
- Hélène, tu m'étonnes. Je pensais que pour toi la liberté ne se discutait pas! Et là, face au quadrillage mahométan, tu tergiverses. Tu cèdes.
- C'est délicat. Sur un plan citoyen …
- Oui ou non, acceptes-tu le symbole? Pense un instant à toutes ces gamines, forcées de s'harnacher pour éviter d'être montrées du doigt, - ou pis. Ce foulard n'est jamais qu'un signe extérieur de conviction. C'est-à-dire la preuve d'une soumission à un code totalement étranger à notre civilisation. »
© Christopher Gérard, Porte Louise, L’Age d’Homme
Écrit par Archaïon dans Opera omnia, Polemos | Lien permanent | Tags : littérature, foulard, islam | Facebook | |
Imprimer |
05 juin 2016
Indra Song
« Les temps peuvent venir où les rapides sabots des coursiers barbares claqueront sur les décombres amoncelés de nos villes. »
Ernst Jünger,La Guerre comme expérience intérieure
La scène se passe en août 2014 dans le bureau du Président de l’hyperpuissance. Sont présents quelques membres triés sur le volet du Conseil de Sécurité : David B***, le tout-puissant chef de la police secrète ; Edward S***, le responsable occulte de Rubicon, le programme de guerre électronique ; le général Timothy W***, le dirigeant le moins corrompu du complexe militaro-industriel. Outre deux ou trois assistants qui ont juste le droit de servir les cookies et le café équitable, participe aussi à cette réunion Lord Gibbon, l’ambassadeur de Grande-Bretagne. Lui, à petites gorgées, boit du thé de sa réserve personnelle, un Ging biologique, first flush. Sans lait.
Tous transpirent abondamment en raison d’une panne générale du système de climatisation. Tous, à l’exception du Britannique, ont déjà tombé la veste et défait leur nœud de cravate. De l’ordinateur présidentiel, sur lequel se fixent tous les regards, s’échappe une voix mélodieuse qui scande une étrange mélopée : Aum, Hana Hana, Daha Daha, Paca Paca…
- Qu’est-ce que c’est que ce charabia ? lance le Président d’un ton rogue en défaisant avec élégance ses boutons de manchettes Brooks Brothers. David ?
- Je…Je l’ignore, Monsieur le Président, bredouille le Juif de Brooklyn - cent kilos de mauvaise graisse et d’intelligence pure. Ce truc passe en boucle depuis trente-six heures sur tous les réseaux, sur toutes les radios, tous les écrans du monde. Même sur CNN, malgré toutes nos pressions.
- Mais encore ? Le sens de ces mots ? s’exaspère le Président. Enfin, David, vos services nous coûtent des centaines de milliards et vous ne savez rien !
- Du sanskrit, susurre Lord Gibbon, l’air ennuyé. La langue sacrée de l’Inde, précise-t-il pour l’assemblée, qui tombe des nues. Une invocation, ou ce que les Indiens appellent un mantra. Une formule mentale qui…
Timothy, le chef du renseignement militaire, Viking aux yeux trop pâles, interrompt sans ménagement le diplomate :
- Monsieur le Président, ces macaques tentent de contrôler nos systèmes de défense, j’en mettrais ma main au feu. Je préconise une réaction foudroyante : une pluie de missiles Clinton III et on n’en parle plus. On vitrifie d’abord, on discute sanskrit machin-chose ensuite.
- Du calme, Timothy. Ne me dites pas que vous envisagez sérieusement de rayer un continent de la carte ! Comme cela, au petit déjeuner ? ironise le Président.
- Hé, cela nous débarrasserait d’un concurrent… Et comme les Chinetoques sont sans doute dans le coup…
- Encore un coup de Téhéran, oui ! éructe un David rouge de colère.
Frais comme une rose, Lord Gibbon reprend la parole, ses mains manucurées posées devant lui sur le bureau en acajou :
- Gentlemen, il s’agit d’une invocation à Indra, le Dieu indien de la guerre, dont le refrain, que vous entendez, signifie : « Tue, tue ! Brûle, brûle ! Mange, mange ! ». D’après les analystes du MI 7, la voix est celle d’un brahmane de Bénarès.
- Mais à quoi cela rime, cette chanson ? demande le Président.
- Vous avez raison de parler de chanson, Monsieur le Président, le mantra, comme dit Lord Gibbon, a fait le tour du monde sous le nom d’Indra Song. Les foules en délire le scandent sans même le comprendre, comme hypnotisées, précise Edward, qui, bien à regret, sort de son mutisme.
- Une conspiration ?
- Pas le moins du monde, Monsieur le Président, poursuit Edward. C’est très probablement notre nouveau drone de guerre électronique, vous savez le prototype Arès. Navré d’en parler devant Monsieur l’Ambassadeur, qui n’est pas habilité, mais il y a péril en la demeure.
- Vous ne croyez pas si bien dire, old sport, rétorque Lord Gibbon. Quant à Arès, nous étions au courant depuis le début, rassurez-vous. Vos centres de recherche étaient truffés de taupes…
- Dites, Gibbon, intervient David, et vos services de renseignements, une belle bande de tap…
- Je croyais que ce drone était encore expérimental, coupe le Président, qui n’apprécie que modérément ce déballage.
- En fait, Monsieur le Président, il semble que notre drone, qui comme vous le savez est indétectable, invisible et, grâce à son moteur à oxygène, autarcique à cent pourcents, eh bien, il semble, oui, qu’Arès ait décollé avant-hier de notre base secrète du Colorado. Sans en avoir reçu l’ordre de quiconque. Depuis lors, il a disparu dans la stratosphère… Il tourne en émettant cet incompréhensible message.
- Arès a échappé à ses maîtres, persiffle Lord Gibbon en vidant sa tasse de darjeeling.
- Mais à la fin, qui contrôle donc cette satanée machine ? implore le Président. Timothy ?
- Personne de connu, Monsieur le Président. On a cru un moment que c’étaient des hackers belges qui étaient derrière ce… cette catastrophe. On leur envoyé une équipe en urgence pour, disons, les traiter, mais Arès a poursuivi sa route.
- Vous voulez dire…
- Oui, Monsieur le Président, un drone de combat indétectable vogue dans l’espace ; toutes les trois minutes, il modifie son plan de vol de manière aléatoire. Il émet sans discontinuer Indra song. Et personne ne le contrôle : ni Washington, ni Moscou, ni Pékin.
- Les Français ? risque David, qui ne suscite qu’un rictus nerveux du Président.
Tous pâlissent et, dans le salon ovale, la température augmente encore de quelques degrés. Au loin, on entend, l’une après l’autre, mugir des sirènes. La gorge nouée, le Président se lève et pose la question qui lui brûle les lèvres : Arès est-il armé ?
- Non, Monsieur le Président, c’est une arme de guerre électronique, explique Edward. Pas besoin de missile.
- Comment cela, pas besoin ?
- Je crains, intervient le Britannique, qu’Arès soit en train de prendre le contrôle du cloud dans sa totalité. D’où la panne générale de la toile et des réseaux, qui stupéfie le monde. D’où cette folie bestiale qui dévaste nos cités. Oui, Arès contrôle non seulement le Pentagone, mais aussi tous les autres centres de commandement : l’OTAN, Tel-Aviv, Rio de Janeiro, même Londres, hélas ! Arès déclenche le feu là où bon lui semble. Se tournant vers le Président, il précise : la preuve, Téhéran n’existe plus. Depuis une heure. Comme Shanghai, Karachi et Le Caire. Même San Francisco…
- San Francisco ? Détruite par notre machine, mais c’est de la folie ! hurle le Président, les yeux hors de la tête.
- Pas une machine stricto sensu, plutôt la fine fleur de l’intelligence artificielle possédée par, comment dire ?, une entité. Une Puissance sans visage. Indra commande, je le crains.
- Oui, s’empresse de signaler David, comme pour rentrer à nouveau en cour, nos agents à Delhi ont capté des messages affolés du Haut-Commandement. Je commence à comprendre, maintenant.
- Et ?
- On dirait que les Indiens ont commencé à offrir des sacrifices de chanvre et d’encens. À cet Indra. Nous croyions que c’était un code.
- Que disent les Russes ?
- …
- Accouchez, David !
- Ils ont rappelé des chamanes de Sibérie. Ils sacrifient des chevaux à, comme s’appelle-t-il encore celui-là ? fait David en consultant sa tablette portative, qui, dans un chuintement ridicule, vient de rendre l’âme.
- Perun, laisse tomber Lord Gibbon avec un geste fataliste, le regard ailleurs. Perun le Terrible. Le frère slave d’Indra et d’Arès aux noires prunelles. Le destructeur des murailles, le pourvoyeur des charniers, le déstabilisateur des nuages. Le Dieu du carnage.
Tous se taisent et tentent de digérer la nouvelle. Assourdis par les murailles blindées du salon ovale, des tirs d’armes automatiques et des explosions se font entendre dans le lointain. De l’ordinateur présidentiel continue de s’échapper l’obsédant mantra : « Aum, Hana Hana, Daha Daha, Paca Paca ». Les secrétaires présents se prennent même à le murmurer.
- Mais enfin, Gibbon, vous qui semblez comprendre ce qui se passe, expliquez-moi, supplie le Président. C’est un cauchemar !
- Un cauchemar pour vous. Un rêve pour Indra, Perun, Mars ou Arès, quel que soit le nom que lui donnent les mortels. Le Dieu de la guerre a asservi les nuages. De là, il contrôle les consciences. Gentlemen, Arès le Tueur, le Dieu aux mille vautours, le Guerroyeur infernal, s’est emparé du monde.
- Comme… Comme en 14, bégaie Edward en retirant ses lunettes trop grandes.
Soudain, le sol tremble et une fine poussière s’insinue dans le salon ovale, où les lumières se sont éteintes. Plus aucune machine ne fonctionne, mais un chant - Indra Song - retentit dans le couloir, entonné à pleins poumons par une troupe qui défonce la porte blindée. Une douzaine de jeunes guerriers, à la souplesse de panthères, au regard halluciné, des mercenaires de Blackwitch empestant la sueur et le sang, qui, toutes races confondues, portent au visage les mêmes peintures de guerre, tracées au stick de camouflage - celui des forces spéciales. D’une rafale, leur chef, un colosse à la peau sombre, abat pontes et sous-fifres. La face grise, le Président s’est levé : autant mourir debout. L’un des guerriers, un chicano, lui jette alors un stick. Un autre, aux yeux bridés, lui tend une arme en scandant Indra song. De ses doigts malhabiles, le Président de l’hyperpuissance s’enduit les joues et le front de pâte. Un sourire révèle alors des dents luisantes de salive. Il empoigne le fusil d’assaut.
- Indra commande. J’obéis.
Aum, Hana Hana, Daha Daha, Paca Paca
©Christopher Gérard,
21 janvier MMXIV
Première version publiée dans Marginales 288, Comme en 14 (mars 2014).
Écrit par Archaïon dans Opera omnia | Lien permanent | Tags : littérature | Facebook | |
Imprimer |