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21 mai 2020

Pour Stendhal

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Historien renommé, spécialiste de l’Empire et de la Restauration, Emmanuel de Waresquiel s’est amusé, dans un court essai écrit pendant ses vacances d’été à la campagne, à rédiger une lettre d’amitié à Henri Beyle (1783-1842). Lecteur de Stendhal depuis trente ans, l’historien a voulu voir plus clair sur la parenté d’âme qui le lie à l’auteur de La Chartreuse de Parme.

Ce faisant, M. de Waresquiel rejoint, aux côtés de Jacques Laurent, de Jean Prévot et de Philippe Berthier, la cohorte des beylistes plutôt que la troupe des stendhaliens. Ceux-ci utilisent Stendhal pour faire carrière ; ils « travaillent sur » l’écrivain, parfois non sans apporter leur petite pierre à l’édifice. Ceux-là se découvrent une passion pour « le rêveur définitif » et, en amis, témoignent de leur reconnaissance pour cet homme qui leur a offert « cette disposition passagère à la légèreté et au bonheur » - je cite ici Waresquiel. C’est dire si J’ai tant vu le soleil illustre l’état de grâce de son auteur. Il ne nous apprend à peu près rien sur Stendhal, sinon cette référence à une lettre inédite de M. de Beyle (sic) à Talleyrand, datée du 7 avril 1814, par laquelle cet admirateur de Napoléon… se rallie au gouvernement provisoire.

Non, ce court essai vaut pour sa fervente lucidité, pour son intelligence sensible – le livre d’un ami destiné aux amis d’Arrigo Beyle, Milanais, aux aficionados de ce sous-lieutenant de cavalerie qui chargea les Autrichiens à l’âge de dix-sept ans.

Ce livre est pour tous ceux qu’émeut l’amoureux transi et qu’amuse l’arriviste pataud.

Pour tous les frères de Quest’anima adorava Cimarosa, Mozart e Shakespeare.

 

Christopher Gérard

 

Emmanuel de Waresquiel, J’ai tant vu le soleil, Gallimard, 118 pages, 13€

 

 

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20 novembre 2013

Avec Stendhal

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Avec Stendhal, contra mundum : tel pourrait être le leitmotiv du livre si plein d’humour et d’esprit de Philippe Berthier. Le vénérable professeur de la Sorbonne, l’éditeur maniaque de Stendhal dans la Pléiade, l’auteur de maintes études savantes dont une splendide biographie, bref le stendhalissime en chef nous livre sa confession ; il fait son coming out, pour parler moderne. En un mot comme en cent, d’érudit il se fait beyliste, pour la plus grande joie de ses lecteurs. Amoureux de Stendhal depuis près de soixante ans, Philippe Berthier s’amuse à comparer les pensées, les attitudes de son ami Henri Beyle (1783-1842) aux siennes propres, et ce sur tous les sujets de prédilection du Milanais : l’amour, la guerre, l’argent, l’opéra, la famille, les voyages… Tout Stendhal est ainsi relu, crayon à la main, avec amour et compétence. Il s’agit bien du bilan d’une longue liaison, qui emporte l’approbation du lecteur, qui jubile à chaque page tant l’arte di godere -  chasse au bonheur ou quête du divin plaisir – transparaît dans la moindre ligne. Si le génie de Stendhal fut « de fonder sur l’amitié le pari de sa destinée posthume » et donc d’envoyer une convocation d’outre-tombe à des amis futurs, celui du fidèle Berthier s’applique à transcrire avec un sens évident de la formule et une rare liberté de ton la « persistance irrédentiste » de Stendhal, c’est-à-dire l’inébranlable volonté de « refuser le contrôle du moi par le non-moi ». Du coup, cet Avec Stendhal qui claque comme un cri de ralliement se révèle un authentique traité de beylisme, style de vie qui consiste à ne jamais subordonner ce que l’on se doit à soi-même à ce que l’on devrait aux autres. Le beylisme est, contre vents et marées, un culte de la liberté intérieure, la moins pratiquée, et Stendhal, tout jacobin qu’il se prétendît, admirait les Chouans en raison de sa nature aristocratique. Les grands clivages doivent peu aux idées, presque tout aux tempéraments. Illustrons celui du cher Berthier par deux citations : « Sans être apocalyptique, Stendhal prédit un arasement généralisé. Pénéplaine universelle. Abaissement de la vie intellectuelle et artistique, qui descend à la portée d’un public désormais fruste, anesthésie de l’exigence civique chloroformée par le culte de la prospérité matérielle et du marché. Américanisation, en un mot. » Stendhal antimoderne ! Ou celle-ci : « Je trouve extraordinairement pesante la chape d’intolérance que les professionnels de la tolérance et les coryphées du conformisme régnant étendent sur toute manifestation de « mauvais esprit », aussitôt taxée de « dérapage », comme s’il fallait obligatoirement suivre l’autoroute de la pensée unique. (…) Tout écart est aussitôt sanctionné, avec chasse à l’homme et appel au meurtre symbolique : Renaud Camus et Richard Millet en savent quelque chose. Quand on ne partage pas le catéchisme multiculturel, quand on ose croire que le terme « identité » n’est pas en soi un gros mot, on est aussitôt désigné comme la bête à abattre ». Livre apéritif, Avec Stendhal servira de mot de passe aux esprits indociles, aux beylistes d’aujourd’hui et de demain.

 

 

Christopher Gérard

 

Philippe Berthier, Avec Stendhal, B. de Fallois, 18€

 

 

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18 avril 2012

Stendhal Club

 

littérature,stendhal

 

Tous le croyaient à jamais disparu et voici qu’il ressuscite par la grâce d’un quarteron d’écrivains menés par Charles Dantzig. Les membres ? Une poignée, sélectionnée de la manière la plus cavalière du monde. Leur revue ? Une élégante livraison publiée avec panache par un Russe francophile. Dans ce numéro 1, hommage y est rendu à quelques prédécesseurs, dont le preux Jean Prévost. Parfait exemple d’érudition sauvage (ou amoureuse), la revue cède la parole aux distingués membres, libres de butiner dans la vie et dans l’œuvre de Stendhal. En guise de manifeste, le volume contient les 23 articles des Privilèges (« Le privilégié pourra changer un chien en une femme, belle ou laide » art. 19), essentiels pour définir et la démarche du Club et l’art de vivre d’une phratrie dispersée aux quatre vents.

Christopher Gérard

Revue du Stendhal Club, n° 1 Rose Stendhal et vert Beyle, 15€

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