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20 janvier 2016

Marina Tsvetaeva

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Orel i Arkhangel

 

Orel i Arkhangel, Gospoden’ prom ! : « Aigle ou archange, Tonnerre du Seigneur ! ». Poésie de Russie (1912-1920) et Poésie de maturité (1921-1941) rassemblent en un joli coffret l’édition bilingue de l’œuvre lyrique intégrale, 1170 poèmes (dont bien des inédits), du météore que fut Marina Tsvetaeva (1892-1941). Deux magnifiques volumes pour saluer l’une des grandes voix de la poésie russe, qui se fit remarquer dès l’âge de dix-huit ans dans le Moscou d’avant 14, celui de la fin du Siècle d’Argent. Toute sa vie durant, Marina Tsvetaeva brûla de passion amoureuse ou poétique, « sur le fil du rasoir ou au bord de l’abîme ». Du Moscou des tsars à la terreur bolchevique, de l’exil parisien au retour en URSS, où elle se pendit de désespoir, la poétesse illustre par ses vers le basculement de la Vieille Russie, le déferlement de la barbarie moderne et la résistance de l’artiste. Ovide russe (dixit le grand slavisant Georges Nivat), elle déploya une puissance littéraire qui laisse pantois tant nous emporte ce tourbillon, excellemment traduit par Véronique Lossky, dont il faut saluer la talentueuse probité. Ses hommages à l’Armée blanche évoquent Chénier : « Garde blanche, ton destin est sublime (…) De l’ancien monde le dernier rêve : Jeunesse. Courage. Vendée. Le Don. » Comment ne pas être aussi bouleversé par son salut à la Tchécoslovaquie envahie : « Brebis soumises et tous – moutons, Esclaves d’Hitler, avec Staline marchez ! » Ou par ce poème de janvier 1940, peu avant son suicide : « Tu étais ma blanche neige, Tu étais mon bon pain, Noire – la neige ! Sec mon pain ! »

 

Christopher Gérard

 

Marina Tsvetaeva, Poésie lyrique complète, version bilingue, 2 volumes, Editions des Syrtes, 928 et 832 pages, 40€

 

 

 

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Écrit par Archaïon dans Sainte Russie | Lien permanent |  Facebook | |  Imprimer |

18 janvier 2016

Morphine monojet, ou le retour de Thierry Marignac

littérature russe,héroïne

 

 

A la fin de Fasciste, livre-talisman, Thierry Marignac cède la parole à l’un de ces enfants perdus au crépuscule qui hantent son roman : « Je suis un décadent au fond, prêt à renoncer à l’ambition et au reste pour me gorger de plaisirs. Mais aujourd’hui, choisir les plaisirs, c’est choisir la mort ».

Morphine monojet illustre à merveille cette sentence en ce sens que ce roman déjanté et cruel, d’une drôlerie certaine, met en scène un quatuor composé, pour faire simple, de trois mousquetaires et d’une milady au chien d’enfer, lasse et presque belle : à ses basques, trois fils perdus – c’est le sous-titre du roman – en quête non d’un Graal de Bretagne mais d’une héroïne de Thaïlande ou de Turquie, coupée à l’infini, trafiquée dans de minuscules paquets qui s’échangent dans les bouges de Belleville. Il s’agit bien de cette diabolique « fringale de jouissance et d’anesthésiant aux entrailles de l’époque », qui se danse sur des airs vénéneux.

Nous sommes dans le Paris de 1979, qui est encore celui du « monde d’avant » comme dirait le confrère Jérôme Leroy, un Paris d’avant les bobos et les salafistes - un autre siècle. Un ashkénaze suicidaire, un fils perdu vaguement arménien (donc commis aux négociations) et Fernand, le Gaulois de la bande, bâtard sans famille, composent le trio des toxicos, obsédés par le brown sugar qu’ils s’injectent en faisant fi du plus élémentaire principe de précaution. Trois épaves en manque, qui tombent sur Jackie, fille d’une sorte d’espion britanique et d’une princesse d’Oman - qui, elle, joue avec la drogue et s’en sortira. Le vol, dans le somptueux appartement d’icelle, par l’un des futurs trimards, d’une seringue intacte datant de la guerre (celle de Dunkerque - Omaha Beach) emplie de morphine pure, lance tout ce petit monde dans une course poursuite absurde, quasi picaresque. Thierry Marignac s’amuse, et nous aussi, dans ce city movie enlevé, rapide - du nerf, de la gouaille sans chiqué, pas une once de gras. Hymne à la nuit, éloge tout en pudeur de l’amitié, requiem de l’Amour, Morphine monojet nous confirme que l’auteur de polars aussi originaux que Milieu hostile et Renegade Boxing Club a, de haute lutte, conquis sa place d’orfèvre par la grâce d’une langue drue et d’un œil de lynx.

 

Christopher Gérard

 

Thierry Marignac, Morphine monojet, ou Les Fils perdus, Le Rocher, 15,90€

Lire aussi, du même, Fasciste (Hélios noir), Renegade Boxing Club (Série noire) et Milieu hostile (Baleine).

 

Thierry Marignac, sur le confrère C.G. - éloge funèbre :

http://antifixion.blogspot.be/2013/11/christopher-gerard-heretique-du-moyen.html

 

 Je dis encore plus de mal de Thierry dans mon Journal de lectures

 

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05 janvier 2016

Narcisse et Homère

Interrogé par le magazine d'Uccle sur un livre ayant marqué mon existence - ma réponse.

 

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