Exit Marc Danval (26 septembre 2022)
Homme de théâtre, doyen de la radio belge (plus de soixante ans de présence), collectionneur acharné, noceur impénitent, Marc Danval était - cet imparfait est bien pénible à tracer - une sorte d’ogre, un ogre sympathique en diable, doté d’une mémoire prodigieuse et de ce zeste de mythomanie qui rendait sa conversation passionnante. Né en 1937, il avait croisé, disait-il, Hitler et Churchill ; il avait vidé des verres avec les plus grands noms du jazz et de la chanson française ; il avait en fait connu tout le monde depuis les années cinquante, de Nat King Cole à Paul Delvaux, de Pierre Fresnay à Orson Welles, d’Arletty à Michel Simon. Un phénomène !
Issu d’une famille d’artistes - son grand-père, José Sevenants, était pianiste et compositeur -, il avait fait ses débuts au théâtre et au cinéma (avec Gérard Philipe !) avant de bifurquer vers Radio-Luxembourg. La nuit bruxelloise d’un certain âge d’or n’avait aucun secret pour cet habitué de la Rose noire et du Pol’s Jazz Club. Il avait été reçu par Sacha Guitry, son idole de jeunesse ; il avait fréquenté Django Reinhardt, Toots Thielemans et Dizzy Gillespie - bref, il y avait chez lui une dimension quasi légendaire, dont il jouait à merveille : d’ailleurs, Thomas Owen, l’un des maîtres de la littérature fantastique belge le qualifiait de « monstre des lettres belges ».
Cet ami très proche de Robert Goffin était aussi poète, et gastronome, oenophile, chroniqueur littéraire – et aussi généreux donateur de sa collection de vingt mille disques de jazz à la Bibliothèque royale. Un fameux personnage donc, que j’ai été heureux de côtoyer.
Que la terre vous soit légère, Marc Danval !
Christopher Gérard
Vient de paraître : Michel Albas, Marc Danval l’Epicurieux, Ed. Jourdan – La Première.
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