Avec Christian Dedet (05 janvier 2020)

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Né en 1936 dans une vieille famille languedocienne, l’Occitan Christian Dedet, qui fut longtemps médecin, publie maintenant depuis soixante ans, depuis son premier roman, Le Plus grand des taureaux,  paru au Seuil en 1960. Jeune étudiant en médecine, pris d’un pressentiment, il rendit visite à Céline quelques jours à peine avant sa mort, comme il le rappelle dans son Journal (deux passionnants volumes parus aux éditions de Paris, Sacrée jeunesse et L’Abondance et le rêve). Il fréquenta alors Montherlant, Delteil, Cailleux, Dominique de Roux, Huguenin, tant d’autres dont le généreux Vandromme. Il écrit dans Esprit comme dans La Table ronde ou dans Les Nouvelles littéraires.

 

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Christian Dedet a aussi mené une carrière d’explorateur et de baroudeur, en Afrique – La Mémoire du fleuve, sans doute son plus grand succès de librairie, témoigne de son amour pour ce continent.

Aujourd’hui, il livre ses carnets de voyage en Guyane, qu’il a sillonnée à pied et en pirogue sur les traces du Docteur Bougrat, un confrère d’avant-guerre condamné au bagne à perpétuité pour un meurtre qui fut sans doute un accident thérapeutique. Bougrat s’était évadé de Cayenne pour refaire sa vie au Vénézuela, comme médecin des pauves – comme le bon docteur Destouches à Meudon.

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Carnets de Guyane. En descendant le Maroni est le récit de cette enquête menée par le très stendhalien Christian Dedet. J’y ai retrouvé des rêveries d’adolescent, quand je me passionnais pour le destin tragique de Raymond Maufrais, ce jeune (et imprudent) aventurieux disparu dans l’enfer vert et que son père allait tenter, dix ans durant, de retrouver. En vain.

Avec Dedet, nous marchons dans l’étouffante jungle équatoriale, nous voguons sur les boues du Maroni, nous visitons les ruines pathétiques des cachots de l’ancien bagne, et notamment ce qui reste de la prison du capitaine Dreyfus, sur l’Îlôt du Diable. Nous faisons connaissance avec les derniers Indiens sauvages, menacés de dégénérescence dans une Guyane en proie aux chercheurs d’or venus du Brésil et du Surinam, avec des expatriés hauts en couleurs aussi.

Grâce à son immense culture, grâce à sa bienveillance qui est peut-être celle du praticien pour ses patients, grâce aussi à sa curiosité et à sa jeunesse d’esprit, Christian Dedet nous enchante, dilettante attentif et lucide – une splendide figure d’humaniste, que je suis fier de connaître.

 

Christopher Gérard

Christian Dedet, Carnets de Guyane. En descendant le Maroni, Transboréales, 330 pages, 12,90 €

 

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Écrit par Archaïon | Lien permanent | Tags : littérature |  Facebook | |  Imprimer |