La Chambre d’art (05 mai 2014)

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Premier roman de l’ancien diplomate et éditeur André Querton, La Chambre d’art se révèle une jolie réussite : l’intrigue, le rythme et la charpente du récit, le style particulièrement soigné témoignent d’un réel métier, qui évoque parfois Saint-Germain ou la négociation, de Francis Walder (1958). Résolument antimoderne, ce roman propose, dans une langue raffinée, une belle analyse du délitement d’un état fédéral qui, en raison des troubles, décide de mettre à l’abri les collections du Musée national. Le narrateur, Ignace, lettré récemment retraité dans la ferme-château de ses ancêtres, est ainsi chargé par « les autorités compétentes » de recueillir quelques centaines de caisses d’œuvres d’art. Alors que son manoir échappe à ces troubles bien lointains et quasi abstraits - il s’agit bien d’un conte philosophique, voire d’une uchronie -, le narrateur, qui désobéit pour la première fois de sa vie à l’Autorité, se prend au jeu d’ouvrir ces fameuses caisses. Au fil de ses trouvailles, il se plaît à reconstituer le cabinet de curiosité de Cornélius van der Geest, marchand anversois du XVIIème siècle. 

Ledit cabinet exerce sur Ignace une fascination grandissante qui tourne à la manie morbide, jusqu’au sardanapalesque dénouement. La Chambre d’art est bien le prétexte à une hautaine méditation sur la fuite du temps et l’érosion des valeurs, sur le destin des civilisations et la folie des hommes, sur la survie de la culture dans un monde en voie d’ensauvagement.

 

Christopher Gérard

 

André Querton, La Chambre d’art, L’Age d’Homme, 257 p.

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