Celtes et Grecs
12 novembre 2006
Président de la Société de Mythologie française et chercheur au CNRS, B. Sergent est un turbulent disciple de G. Dumézil, qui a publié d'importantes synthèses sur les Indo-Européens. Dans son dernier livre (Le Livre des Dieux. Celtes et Grecs II, éd. Payot, près de 800 pages, dont 50 de bibliographie), il présente un imposant dossier qui devrait causer bien des polémiques. La thèse principale, déjà développée dans Le Livre des héros. Celtes et Grecs I (1999), est que Grecs et Celtes possèdent non seulement une mythologie commune, mais aussi des figures divines; que ces deux peuples proviennent d'une tribu indivise (sans doute vers le Vè millénaire AC? Sur la moyenne Volga?) et que leurs littératures, comme celles de l'Inde ou de la Scandinavie, prolongent chacune à leur façon des textes épiques et théogoniques antérieurs, ceux d'un peuple indo-européen primitif dont nous sommes les descendants. Voilà un élément de taille à verser au dossier de l'identité européenne! En bref, B. Sergent réduit à néant toute contestation - et toute dilution - de l'héritage commun des Indo-Européens, notamment la thèse (absurde) d'une langue mystérieusement dépourvue de locuteurs et réduite à "un réseau d'isoglosses". Il s'agit d'un fameux pavé lancé dans la mare, celle de grenouilles hostiles au principe d'héritage indo-européen - un obstacle à la globalisation heureuse? L'un des principaux chapitres du livre traite des profondes parentés entre le Lug celtique et Apollon, et donc entre les Celtes et les Hellènes. Lumineux et polytechniciens, Lug et Apollon, figures fondatrices, sont les maîtres des astres et du temps: ils créent les lumières célestes, tant diurnes que nocturnes. A nouveau, Sergent pulvérise une thèse récurrente, celle de l'origine proche orientale d'Apollon, divinité venue en Grèce du Nord, et non de l'Est.
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